lundi 28 juillet 2014

"Lorsqu'on attend après son voisin pour dîner, on dîne bien tard", proverbe espagnol.


Il y a des gens qui ont le don d'être des invités absolument par-faits !
Ils notent scrupuleusement la date que tu leur indiques, te confirment rapidement leur venue, arrivent très ponctuels le jour J avec une petite bricole appropriée dans les bras, ont une conversation fine et élégante, j'en passe et des meilleures.
Ces gens là ne sont d'ailleurs pas vraiment des invités.
Ils sont si parfaits qu'on les appelle "les convives".
Et puis, il y a les gens ... comme moi.
J'entends bien la date de la soirée quand on me la donne, oui, promis.
Mais je l 'oublie dans la seconde.
Du coup au lieu de confirmer, je te redemande douze fois "Quand est-ce qu'on se voit ?".
Ou pire, je zappe carrément jusqu'à ce que tu reviennes à la charge.
Le jour J, je dois bien avouer que je me pointe avec au minimum 30 mn de retard (mais plus souvent une heure en fait).
J'apporte toujours de l'alcool (comme si j'étais pas déjà assez barge à jeun).
Et je pense qu'il n'est pas utile que je te précise que, niveau conversation fine et élégante, je me pose là.
(Pour me situer, je suis à moi toute seule une véritable encyclopédie des Melon Melèche)
(Honte sur moi)
(Ou pas)
Bref, contrairement à ces invités parfaits, on pourrait dire que je suis pour ma part un peu plus con que vive !
Et pourtant, pourtant, il arrive que des gens m'invitent ...
Les malheureux.
Parce qu'au-delà de tout ce que je viens de te dire, quand tu m'invites, il faut aussi tenir compte de ma légendaire Pierre Richardise, qui handicape légèrement mon quotidien il faut l'avouer.
Et du coup le tien, si tu me fais entrer chez toi.
Il y a eu ainsi, il y a quelques temps, un week end mythique que je m'en vais te narrer de ce pas.
Le samedi soir, on était invités à dîner chez des copains, mais avant, on devait passer l'après midi à Paris pour aider ma belle mère à faire du tri dans son appartement.
Et on a trouvé des trucs un peu emmerdants.
Genre quoi ?
Genre 3 fusils, un pistolet, et surtout, toutes les cartouches possibles et imaginables.
Plusieurs boîtes.
En fait, on aurait pu faire un siège.
(Mais on n'avait rien à revendiquer c'est con ...)
On était quand même un peu emmerdés.
Tu fais quoi toi quand tu trouves une annexe de l'armée française dans les chaussettes de ton beau père ?
Nous on a fini par appeler les flics ...
(Autant qu'ils servent à quelque chose hein)
(Je déconne)
Une heure après, ils ont débarqué en force.
Quatre mastards en uniforme avec des sourires de circonstances (un trait horizontal au niveau de la bouche, l'air aussi heureux que toi quand tu reçois ta feuille d'imposition).
Ils ont regardé les armes, dont je me tenais le plus éloignée possible.
Ils ont totalement halluciné sur la quantité de munitions.
Et ils nous ont annoncé qu'il fallait impérativement aller au commissariat déclarer tout ça.
Il était 17h, ça roulait niveau timing.
Mon mec est donc partis entre les trois flics, heureusement sans menottes, mais ça faisait quand même bizarre je dois dire.
A partir de là, on a attendu.
Attendu.
Attendu.
Mais il n'est jamais revenu.
(Zaï Zaï Zaï Zaï comme dirait Jo Dassin)
Bon.
Ca roulait de moins en moins et on commençait à être méchamment en retard.
Il était 19 h quand je me suis décidée à appeler mes potes.
Jusque là je repoussais.
Je sais, c'est con, mais autant  ils sont super cool, autant j'avais moyen envie de leur expliquer qu'on serait en retard parce que mon mec était coincé chez les flics pour trafic d'armes dans chaussettes en cachemire !
Mais j'ai quand même appelé.
Te dire qu'ils se sont marrés serait trèèèèès en dessous de la réalité, et puis finalement l'homme a fini par rentrer, et du coup on a pu partir pour aller dîner alleluhya !
Quand on s'est enfin pointés chez les copains, il était ... 23 h !!!
Les mômes (enfin les nôtres surtout) n'avaient pas mangé, et nous on avait tellement faim qu'on a failli bouffer les sièges de la 206.
Nos hôtes en étaient évidemment au café - dessert, on les a vus peut-être une heure max, franchement ils n'ont pas regretté leur soirée avec nous ! Ou plutôt sans nous ...
Ca, c'était juste le samedi.
Le dimanche midi, on était invités à déjeuner chez les parents d'un copain.
Et là, quand tu vas chez les "vieux" de ton pote, même à 40 piges, je sais pas pour toi mais mais moi je suis toujours un peu dans mes petits souliers.
J'avais promis d'apporter des petits trucs à grignoter pour l'apéro.
Tu vas voir que ce détail a sa petite importance.
Si.
Parce lorsqu'on a tous émergé après cette soirée formiable (qui au commissariat, qui chez sa belle mère, à se demander ce qui est le pire d'ailleurs), mon fils s'est plaint d'une vive douleur au poignet, au point que "Oui maman il faut que tu m'amènes aux urgences j'en peux plus là".
Certes, la veille il avait fait un match de rubgy et s'était fait retourner le pouce, mais jusque là il disait que ça allait.
Du coup, je me suis dit que c'était sûrement trois fois rien, j'ai juste enfilé vite fait un tee shirt propre et j'ai filé avec mon minot aux urgences de la clinique d'à côté, où tu es pris en général dans la 1/2 h ...
Mais pas là.
Là, on n'a jamais compris pourquoi, mais personne ne venait nous chercher.
Non pas qu'on était hyper nombreux dans la salle d'attente (peut être 4, et tous en un seul morceau en plus).
Mais va savoir pourquoi, ça n'avançait pas.
Je regardais ma montre un peu affolée et je me disais que le pour déjeuner ça commençait à craindre sec.
Et vas y que je te fait attendre pour t'enregistrer.
Et vas y que je te fait attendre pour voir le médecin de garde.
Et vas y que je te fait attendre pour faire une radio du poignet.
Et vas y que je te fait attendre pour revoir le médecin avec ta radio.
Et vas y que je te fait attendre pour régler.
Putaaaaaaain !!!
J'ai un déjeuner merde c'était quand même important vous comprenez Docteur ou pas ??
Vu l'ampleur de notre retard, déjà, j'ai fini par appeler mon mec pour lui dire de filer chez les parents de notre pote, avec quelques trucs à grignoter pour l'apéro puisqu'ils devaient nous attendre pour avoir de quoi becqueter les pauvres (et t'imagines bien comment mon mec a assuré, ils ont dû avoir des chips et du pâté au moins, la grande classe sans aucun doute !).
Et moi et mon fils on est rentrés, vers 13 h quand même, et on a voulu repasser par la maison.
Pour se changer si tu vois ce que je veux dire.
Rapport au fait que j'étais toujours en short et tee-shirt ruinés notamment.
Et que je n'avais pas pris le temps de me brosser les dents.
(Ni le cul à vrai dire).
(Tu sauras tout).
(Ne me remercie pas hahahahaaaaa).
Lorsque je suis arrivée devant chez moi, tout était fermé.
J'ai été saisie d'une sueur froide.
Noooooon ...
Mon mec ne serait pas parti en fermant tout à clé alors que j'avais pas pris mes clés ?
(je sais ce que tu vas me dire mais je te rappelle que je devais en avoir pour 30 mn le bordel)
Hé bien si, évidemment.
Et me voilà donc coincée devant chez moi.
Je ne pouvais pas aller chercher les clés de mon mec, puisqu'il était déjà au déjeuner et que je ressemblais en gros à une poupée Monster Eye clochardisée.
Il fallait donc que je trouve une solution pour entrer chez moi.
Coûte que coûte.
Et là, mon cerveau s'est mis à improviser.
Oui, tu peux trembler.
Je me suis souvenue qu'on avait un carreau cassé sur l'une des fenêtres de la façade.
Bon, la fenêtre était fermée par un volet.
OK.
Et bien c'était très simple : il fallait virer le volet.
Pas de pierre, pas de palais ... pas de volet, pas de problème.
J'ai donc escaladé le portillon pour atteindre la maison.
J'ai commencé à tirer sur le volet pour l'ouvrir.
Peau de balle.
C'était bien fermé.
Merde.
Il me fallait un truc pour faire levier.
J'ai trouvé une fourchette en plastique qui traînait.
Oui, j'ai tenté ça.
Brillant non ?
Attends j'ai fait mieux ensuite.
Après avoir bien évidemment pété la fourchette, je me suis souvenue que la cabane au fond du jardin n'était jamais fermée, elle.
Et qu'elle contenait tous les outils de mon mec.
Je suis partie avec un sourire diabolique.
Mon minot, resté de l'autre côté de la grille, commençait un peu à flipper.
Il n'avait pas tort.
Je suis revenue avec la tête de Jack Nicholson dans Le Joker.
Et, dans la main gauche, un magnifique pied de biche.
J'ai saisi le pied de biche, je l'ai glissé dans l'interstice du volet, et j'ai commencé à forcer.
Mais ça s'ouvrait toujours pas.
J'étais tout à fait prête à bouriner, tel un char délicat d'assaut, lorsque j'ai entendu cette toute petite voix que j'ai identifiée comme étant celle de mon fils affolé : "Mais maman, tu ne crois pas que tu devrais arrêter ? Tu es en train de détruire la maison là un peu non ?".
Hum.
Il avait peut être raison.
J'ai lâché mon pied de biche avec regret.
J'ai dû me résoudre à appeler mon mec pour qu'il nous apporte les clés, et qu'on puisse enfin se doucher / changer / rendre présentables pour aller déjeuner.
Tout allait bien, il était à peine 14 h après tout ...
Lorsque nous sommes revenus tous les trois, toute la famille de mon pote nous attendait bravement pour déjeuner.
La honte suprême !
Du moins c'était ce que je croyais.
Le pire était à venir en fait.
Une des belles filles s'est levée pour me dire bonjour, sa grande fille à ses côtés.
Et elle a juste dit cette petite phrase  : "Bon ben nous on va y aller dommage on n'aura pas mangé mais ma fille a une compet de GRS, on doit y aller".
Le ventre vide.
A cause de moi.
Oh merde.
Pierre Richard avait encore frappé.
Elle est partie pourtant avec le sourire.
Tandis que nous on a un peu mangé de la soupe à la grimace ...
On a soufflé de soulagement en sortant, heureusement le week end était terminé et plus personne ne nous attendait !
Parce que franchement les week ends chics ne sont pas vraiment ma tasse de thé ...
Trop risqué !



2 commentaires:

  1. Mais non ? Mais pourquoi elles n ont pas mangé aussi hein ? Surtout qu il devait y avoir des chips du coup ?

    J adore tellement tes : "mais pas là"

    J ai super envie vous inviter a diner rien que pour voir maintenant :-D

    RépondreSupprimer