lundi 28 avril 2014

"Before I die I will ..."


Sur les murs de Brooklyn, cet immense tableau noir.
Des débuts de phrase, à la peinture, identiques, indélébiles.
"Before I die I will ..."
Et des craies.
Un pot de craies.
Le tout à la hauteur des enfants.
Pour que chacun s'exprime.
Pour que chaque rêve existe, le temps d'une phrase éphémère écrite à la craie sur les murs de leur enfance.
"Before I die I will ... go to Coney Island"
"Before I die I will ... become a president"
"Before I die I will ... be a model"
Et mon préféré : "Before I die I will ... be old" !
Des rêves purs, des rêves grands comme leurs cœurs ...
Si j'avais dû prendre la craie, une de mes phrases aurait sans doute été la suivante :
"Before I die, I will start wrighting for me and other people" ...
Mais je crois que je suis parvenue à dépasser ce tableau noir.
Que j'ai en partie commencé à réaliser un de mes rêves.
J'écris.
Ici.
Dans ce petit espace qui n'appartient théoriquement qu'à moi, mais dans lequel j'ai plaisir à vous imaginer passer, à découvrir les traces que vous avez bien voulu me laisser parfois.
Dans cette zone un peu floue où vous partagez mes rires et mes larmes.
Avec votre bienveillance.
Avec votre cœur.
Plus de 30 000 passages depuis l'ouverture de ce petit bocal, de ce petit coin de Bob ...
Ce n'est pas grand chose au fond, beaucoup de blogs ont tellement plus de visiteurs !
Mais moi, ça me touche.
Réellement.
Intensément.
Profondément.
Ca me touche parce que j'ai découvert aussi, au travers de certains de vos passages, que vous pouviez être touchés vous-mêmes par mes mots, par mes maux.
Et ça, très sincèrement, je n'aurais pas pu l'imaginer.
Non, je ne l'aurais jamais cru.
J'ai imaginé 100 fois fermer cette fenêtre.
J'y pense encore parfois.
Mais certains de vos mots me poussent à continuer.
Alors je voulais juste vous dire que l'essentiel tient en 5 lettres pour aujourd'hui :
M.E.R.C.I.
Du fond du cœur.
Et je vous embrasse, aussi.
Fort.
Très fort.
Parce que ça tient aussi à vous, cette aventure que je voulais vivre "before I die" !



samedi 26 avril 2014

Happy forty ou Bob Richard à New York !


Et donc ... j'ai eu 40 ans !
Le soir de mon anniversaire, alors que nous dégustions de l'anguille grillée dans un restaurant japonais, mon homme, ce prince charmant bien que bourru en voie d'extinction, m'a suggéré d'aller faire un tour aux toilettes (oui, bourru je t'ai dit, bien que charmant ;)).
La surprise était posée sur ma table lorsque je suis revenue.
Moi j'ai vu : une paire de Converse grises toutes neuves et une casquette NY.
J'ai éclaté de rire, je n'en revenais pas : le matin même je me plaignais à mes amies que mes vieilles Converse commençaient à être vraiment flinguées et qu'il devenait urgent de les changer (mais les Converse Addict me comprendront, faire le deuil d'une paire c'est toujours un peu difficile !).
Bon, la casquette c'était sans doute pour que je me remette à courir.
J'ai trouvé le tout trop mignon, et je l'ai remercié avec mon plus beau sourire.
Lui, bizarrement, paraissait blasé pour ne pas dire déséspéré.
"Mais enfin, soulève moi tout ça banane !!!".
J'ai fait ma désormais célèbre tête-de-poule-qui-a-trouvé-une-clé-à-mollette, mais j'ai obtempéré..
Et, dessous, j'ai trouvé ... des billets d'avion.
Quatre. Pour New york donc.
Et pour les vacances d'avril.
Waou ! Le pied !
Attends ... pour les vacances d'avril ????
Waou !!! La flippe !
"Et t'as réservé un logement mon prince charmant ?"
"Nan nan, ça je te laisse gérer ma belle tu fais ça tellement bien ..."
Il est rusé le fourbe, mais moi j'avais donc d'urgence à trouver un pied à terre pour nous accueillir 6 semaines plus tard ! Dans une ville si peu touristique c'était finger in the nose hein mouhahahaaa ;) !
Le lendemain, je me suis donc ruée sur les sites et j'ai fini par trouver - assez difficilement pour tout te dire - un petit appart dans Harlem libre à nos dates et plutôt bien situé.
On a même réussi à faire faire nos 4 passeports dans les temps, à obtenir les Esta, tout se présentait donc sous les meilleurs auspices.
Et ... on n'avait plus qu'à partir !
La veille du départ, j'ai tout à coup visualisé les 8 h à passer enfermée dans l'avion et j'ai commencé à paniquer.
J'ai googelisé "claustrophobie - avion" et trouvé quelques astuces pour m'aider à gérer, mais franchement je n'en menais pas large (bref, j'avais la cagarelle).
On a attendu le dernier moment pour embraquer (conseil numéro 12), j'avais pleiiiin de trucs à lire pour penser à autre chose (conseil numéro 4), j'avais pris mon sédatif PC consciencieusement (conseil numéro 2), j'ai fait chier mon monde donc, mais ça allait à peu près.
Et puis je suis entrée dans cet avion, que j'imaginais petit, tassé, sombre, minuscule en terme d'espace vital.
Et c'était ... exactement le contraire en fait !
Blanc, spacieux (enfin raisonnablement quoi), frais et aéré.
J'ai souri de toutes mes dents et j'ai dit : "J'adore l'avion !" à mon mec médusé.
(pour tout te dire, je pense qu'il cherche un avocat pour divorcer tellement je le fatigue).
A part l'atterrissage, qui a failli me coûter mon déjeuner (j'ai verdi, blanchi, jauni, reverdi sous les yeux effarés de mon fils qui me demandait toutes les 15 secondes "ça va maman ???", mais j'ai tenu !), ce voyage commençait vraiment trop bien.
Trop bien ...
Oui, c'est le mot.
Parce que quand tu es Pierre Richard, c'est tout le temps, et partout.
Tu crois quand même pas que la malédiction s'arrête, comme ça par miracle, juste parce que tu as traversé un océan quand même ?
On atterrit donc, et c'est le passage à la douane.
Tout de suite, tu comprends que les douaniers américains ne sont pas du tout comme les douaniers français.
Ils ne mâchonnent pas un chewing gomme en regardant passer les touristes comme une vache regarderait passer les trains, non.
Eux, ils traquent !
Ils cherchent l'intrus.
Et tu te sens tout petit, tout fragile, tout con en somme, quand tu arrives devant leurs cahutes.
On a fait la queue sagement, on a même interdit les blagues à nos enfants (toujours très prompts à en faire, de préférence de mauvais goût ou insolentes, franchement c'était pas trop l'ambiance je t'assure), et on a attendu notre tour.
Devant nous, un mec passe.
Le douanier lui pose une question.
Puis deux.
Puis trois.
Lui demande de poser son index sur le scan.
Puis la main droite.
Puis la gauche.
Et il prononce alors cette phrase terrible : "Vos empreintes sont connues du système, veuillez me suivre monsieur".
Oh ben merde !
On est tombé derrière le seul mec de tout l'avion qui se fait embarquer dis donc !
On a donc attendu quelques plombes que notre douanier revienne, trop terrorisés pour oser changer de file (je te jure qu'ils font trop peur ces douaniers, même mon mec n'a pas bronché !).
On a finalement réussi à passer sans problème, et on a pris le taxi qui nous a conduits à notre appartement.
Et on a pris possession des lieux.
C'était super mignon, très "new yorkais", tout à fait comme sur les photos du site, j'étais ravie.
Mais rapidement, en entrant dans la salle de bains, j'ai constaté que le ménage laissait franchement à désirer ...
Dans tous les angles, des troupeaux entiers de moutons (et de poils donc, beuuurk !) probablement de différentes nationalités mais ça ne me rendait pas la chose plus attrayante.
Sous les chiottes, diverses traces jaunâtres, qui ne devaient pas être de l'eau if you see what I mean.
Et dans le reste de l'appart, c'était kif kif : chaussettes sous les lits, vaisselle collante, filtre à café encore plein des précédents voyageurs, sol qui noircissait les pieds si t'osait enlever tes chaussettes ...
J'ai donc passé une bonne heure à cleaner tout ça, c'était pas super agréable mais une fois ça fait, j'étais soulagée : on allait pouvoir toucher à tout sans rester scotchés ou sans attraper une mycose ... Joie !
On est partis se chercher un dîner, et puis on s'est couchés, bien crevés après une bonne journée de presque 24 heures.
Les mômes dormaient sur un super géant matelas gonflable, nous dans la petite chambre.
Rapidement on a tous sombré.
Mais, au bout de deux heures à peine, mon fils se lève et m'appelle.
"Maman ..."
Moi j'étais en train de rêver que j'embrassais James Dean, bercée par les bruits de la ville qui ne dort jamais.
J'ai mis du temps à comprendre pourquoi il m'appelait maman !
"Mamaaaaan !!"
Quand j'ai ouvert les yeux, j'avais ceux de mon fils à 3 cm du visage.
J'ai sursauté.
"Quoi ???!!!".
Lui, dépité : "Maman je crois qu'il y a un souci avec les toilettes ...".
Moi, mère poule adorable : "Mais quel problème bordel ? J'ai sommeil je dois dormir et embrasser James Dean moi !"
Je me lève tant bien que mal, je ne prends pas le temps de mettre mes lunettes, et je tâtonne donc vers la salle de bains.
Je regarde les toilettes à travers mes paupières trèèèès lourdes et mes yeux de taupe, mais je ne peux que voir le problème : la cuvette est pleine d'eau presque à ras bord, et au milieu, triomphal, trône ce que je ne peux nommer que ... "L'étron flotteur".
Rapidement, mon cerveau m'envoie un signal fort : "Ton fils de 11 ans ne comprend rien, toi tu sais, fais-toi confiance".
Non mais franchement quel connard ce cerveau pourri !
Je fais donc connement confiance à mon instinct et je dis à mon pauvre enfant, sur un ton péremptoire : "Mais enfin c'est pas compliqué, il suffit de re-tirer la chasse d'eau pour que ça coule à nouveau et que ça avale tout ce merdier voyons !".
Lui, pétrifié : "Ben j'ai pas osé le faire j'avais peur que ça déborde en fait".
Moi : "Mais laisse donc faire ta mère".
J'étais à deux doigts de lui dire "Admire et observe !".
J'ai bien fait de me retenir.
Car la suite, tu t'en doutes, a été très peu à la hauteur de mes espérances.
La chasse d'eau a continué de se remplir après que je l'ai tirée, et le niveau, déjà très haut, est monté, monté, monté ...
Jusqu'à déborder bien sûr, mon minot l'avait bien capté lui !
Et voilà donc l'eau des chiottes qui commence à me dégouliner sur les pieds, et moi qui, hagarde, cherchait comment arrêter le massacre ... mais aucune solution : il fallait attendre que le réservoir se soit complètement vidé hélas.
J'ai attrapé tout ce qui m'est tombé sous la main : papier Q, serviettes de toilettes, mon fils, pour éponger ce désastre tant bien que mal.
J'ai épongé, essoré, avec toujours sous les yeux ce monstre fécal qui flottait et n'avait donc pas daigné bouger, celui qui me narguait, franchement c'était l'horreur !
Il a fallu se résoudre, après avoir géré le problème de la flotte qui couvrait le sol, à trouver un moyen pour écoper et vider un peu la cuvette qui était toujours prête à déborder.
Ben oui, mon mec dormait comme une bûche, ma fille aussi, si l'un d'eux avait la bonne idée d'aller aux toilettes dans ce qu'il nous restait de nuit, il n'était pas question pour moi d'avoir à recommencer à éponger ! (et de toutes façons j'avais plus de serviettes disponibles).
J'ai donc fait le tour de la cuisine rapidement, dans le noir, et toujours myope, pour tenter de trouver un ustensile "adapté".
Un bol ?
Oh my god non !
Un verre ?
No way !
Finalement, j'ai attrapé dans la poubelle (dans la merde jusqu'au bout au point où j'en étais hein) le bocal en plastique qui contenait la soupe de notre petit dîner de la veille.
Je t'épargne les détails de ma pêche miraculeuse, je te dirai juste que mon fils avait bien mangé (tu peux vomir, moi-même j'en étais pas loin !).
Epuisée, j'ai passé quand même 10 minutes à me javeliser les mains sans parvenir à me sentir moins dégoûtée pour autant.
Mais après toutes ces émotions je suis finalement retournée me coucher et essayer de dormir, à côté de mon mec qui ronflait joyeusement.
Deux heures plus tard, j'étais à nouveau réveillée par mon fils.
(Dieu sait que je l'aime mais j'ai songé à lui coudre la bouche !)
"Maman".
"Mamaaaan !"
"Maman, le matelas sur lequel on dort, il se dégonfle!".
Ma voix intérieure me conseillait d'envoyer cet enfant sur les roses, mais ma conscience heureusement m'a rattrapée à temps avant que je ne le morde.
"Bon ben écoute mon poulet on n'y peut rien là hein, alors tu dors comme tu peux et on verra tout ça demain matin".
Le lendemain de très bonne heure, tout le monde a ouvert des yeux un peu collés.
Mon mec m'a gratifié d'un "Putain j'ai bien dormi moi en fait !!" et je suis parvenue à prendre sur moi pour ne pas l'étrangler.
Lorsque je lui ai annoncé que les toilettes étaient HS, il a tout de suite moins rigolé.
Mon fils a blêmi en ajoutant qu'il n'avait pas pu se retenir et qu'il y était retourné, mais n'avait pas tiré la chasse cette fois !
Bref, il fallait fuir de toute urgence, c'était le premier matin à New York, ma légende personnelle n'avait donc pas flanché ...
J'ai fait la seule chose à faire : j'ai pris mon téléphone, envoyé un SMS rapide et lapidaire au propriétaire.
Tout gentil qu'il était, Cheney (car c'était son nom) avait intérêt à nous trouver rapidement des solutions !
Une semaine avec un lit pourri et des chiottes bouchées, ça pouvait pas être possible !
Il a tout réparé dans la journée, s'est confondu en excuses.
Quand on est rentrés à l'appartement, j'étais un peu sceptique et beaucoup stressée ...
J'ai testé les toilettes en serrant les fesses (niveau de la vanne !), mais tout s'est bien passé !
Les enfants se sont allongés sur le matelas, et Nina a juste, de sa petite voix, dit "Oh maman c'est rigolo je sens de l'air !".
Super.
Donc un matelas toujours mollasse.
Et percé, manifestement.
J'ai rappelé.
Le gentil proprio est donc revenu, avec des rustines, et on a réparé la bestiole dans la bonne humeur malgré tout, après tout ça servait à rien de s'énerver.
Tout a, enfin, fini par être réglé et Cheney s'est levé pour partir, en s'excusant une nouvelle fois pour tous ces problèmes, et en ajoutant que jamais mais alors vraiment jamais, depuis des années qu'il louait son appartement, il n'avait eu autant de galères en aussi peu de temps.
Avec mon mec, on s'est regardés, mais c'est mon fils qui a eu la réplique finale : "Ben ouais mais c'est normal Cheney, t'avais jamais loué ton appart à la fille de Pierre Richard !".
Véridique.
CQFD.
Je te l'avais bien dit ...
Que tu traverses un océan ou pas, ta légende toujours te rattrapera Petit Scarabée ...
C'est comme ça : Pierre Richard un jour, Pierre Richard toujours !!!








mardi 15 avril 2014

Aujourd'hui j'écris ton nom ... Solitude.


Bien sûr j'ai dû sentir cette paume immense dans la mienne lorsque j'étais enfant ...
Bien sûr mes premiers pas hésitants ont été avec bienveillance accompagnés ...
Bien sûr j'ai reçu de l'amour, j'ai été désirée ...
Bien sûr j'ai déjà beaucoup de chance, tellement de chance, cette immense chance pour débuter dans la vie !
Et pourtant.
Pourtant chaque fois que je revisite mon histoire, chaque fois qu'elle s'invite (avec ou contre mon gré), chaque fois que je me pose et que je pose mes mots (mes maux), je me la reprends en pleine face.
Aujourd'hui j'écris ton nom ... Solitude.
Comme un coup de poignard dans le cœur.
Comme un vent glacé qui s'insinue au plus profond de mon âme.
Comme une prison.
Elle est le paradoxe ultime en ce qui me concerne : en fait, je n'ai jamais été seule, car ma solitude m'a toujours accompagnée, depuis mon plus jeune âge ...
Elle était déjà là lorsque, enfant, je constatais avec effroi les ravages de la maladie sur le corps et l'âme de ma mère.
A qui parler ce tout cela ?
A qui poser mes questions lorsque le quotidien était déjà si compliqué ?
A qui parler de mes angoisses, celle de sa mort, celle de cette vie ?
Elle m'a suivie lorsque, adolescente, je menais cette vie totalement décalée.
Les autres ados de mon âge n'avaient pas envie d'entendre parler de soins palliatifs.
Ils ne comprenaient rien à mon boulot d'infirmière à domicile.
Ils étaient assez jeunes / cons / ignorants pour oser me parler de placement, de choix radicaux, de refuser mon aide pour me protéger.
Comment auraient-ils pu comprendre ?
J'étais seule avec ma vie déjà brisée, seule avec sa vie déjà brisée.
Seule au milieu de la foule des gens que je faisais rire.
Seule lorsque je faisais semblant de m'intéresser aux cours.
Seule avec cette boule au ventre.
Seule avec ces larmes qui montaient parfois malgré moi et qu'il fallait cacher, à tout prix, de toute urgence.
Taire.
Ne pas montrer.
Donner l'illusion, toujours.
Etre gaie.
Etre enviée même.
Mais mentir.
Encore.
Toujours.
Leur mentir.
Me mentir aussi.
Jusqu'au moment où je n'ai plus pu, jusqu'au moment où le temps s'est arrêté.
Mais la solitude était là, peut être plus encore.
Avancer, reprendre le cours du temps et de ma vie.
Mais sans elle.
Puis sans lui.
Seule.
Encore.
Toujours.
Seule.
"Lorsque j'entends votre histoire, le mot qui me vient de toute évidence est 'solitude'".
On me l'a dit.
Une fois.
Deux fois.
Plusieurs fois.
A chaque fois, cette petite phrase me crucifie.
Littéralement.
Par sa justesse.
Par sa dureté aussi.
Parce que ça me fait mal.
Pour la petite fille.
Pour l'adolescente.
Pour la jeune maman.
Pour la femme de 40 ans aujourd'hui.
Parce qu'elle est toujours là tu sais, cette solitude.
Elle n'est jamais partie.
Parfois, elle s'éloigne un peu et je souffle.
Je me prends au jeu, je finis même par y croire.
Et puis, pour un rien, pour ce qui pour moi peut être un tout, elle rapplique.
Me transperce.
Me lapide.
Me laisse anéantie.
A terre.
Atterrée.
Enfermée dans une bulle.
Une bulle de douleur.
Le cœur qui se serre, qui se crispe à en modifier son rythme.
L'angoisse qui étreint.
L'amertume qui se déverse.
Et parfois, par chance, les larmes qui coulent ...
Et qui soulagent.
Jusqu'à la prochaine fois.
Elle est là, toujours là.
Tapie dans l'ombre.
Tatouée au cœur de ma peau, au tréfonds de mon âme.
Il va falloir que je finisse par l'apprivoiser.
C'est pour ça qu'aujourd'hui je devais commencer.
Commencer par quelque part.
C'est cette part là que j'écris.
Aujourd'hui j'écris ton nom ... Solitude.

Crédit photo : Bob


lundi 14 avril 2014

L'homme qui aimait les femmes et surtout leurs vêtements ...


Si j'adore Forrest et tout ce qu'il peut véhiculer comme bons sentiments, je dois quand même reconnaître que, parfois, y'a des chocolats qui sont bizarrement fourrés et que tu aimerais pouvoir les recracher si tu osais (mais ça ne se fait pas !) ...
Tu me diras quel rapport avec Yves ???
Hé bien en fait, c'est simple : Yves était un homme qui habillait les femmes, et moi je veux te parler de mon chocolat au goût bizarre, que j'ai croisé un soir en Vendée et que je ne pourrai jamais oublier ...
Car c'était un homme qui ne s'habillait pas en homme.
Enfin qui ne s'habillait pas qu'en homme pour être exacte.
Il faut que je te resitue un peu le contexte.
J'étais en week end chez des potes en Vendée donc, et une copine appelle pour dire qu'elle veut passer, en prévenant qu'elle amène un ami.
On sonne, mes potes ouvrent la porte, la copine entre, suivi de son ami.
Dans un premier temps, j'ai vu son visage.
Un peu buriné.
Moustachu.
La gitane maïs au bec si tu vois le personnage.
Un gilet bleu sur un polo qui avait dû être blanc dans une autre vie.
Si, ça a son importance.
Sa main tenait très virilement la clope au bec, et attirait mon regard sur ses doigts.
Ongles noircis, doigts épais.
On a appris ensuite qu'il était garagiste, tout s'explique.
Mais rapidement, mes yeux sont descendus et mon cerveau a commencé à bugger.
Un peu comme dans un épisode de "Bref" tu vois ...
Genre "J'ai regardé le haut de son corps, j'ai regardé le bas de son corps, j'ai regardé le haut de son corps encore, j'ai regardé le bas de son corps encore, bref, je l'ai regardé de la tête aux pieds".
Et c'est là, c'est là où j'ai pensé au fourrage du chocolat de Forrest, et à Yves, l'homme qui habillait les femmes !
Parce que mon garagiste, figures-toi, avait une étonnante personnalité, qu'il tenait à exprimer.
Il aimait les femmes.
Il aimait les vêtements des femmes.
Il s'habillait donc ... en femme !
Mais à moitié seulement.
Puisqu'il se sentait homme.
Aussi.
Ah ouais.
J'étais un peu perdue.
Mets toi deux minutes à ma place et imagine : en dessous du gilet et du polo, il portait, en toute simplicité, une jupe longue, fendue.
Et sous cette jupe, par la looooongue fente, on ne pouvait pas ne pas voir ... des bas résilles.
Blancs.
Et sous ces résilles ... des bons gros poils noirs qui sortaient !
Le tout juché sur des talons aiguilles, escarpins ouverts et gros orteil en goguette.
Un mélange de Robert Bidochon et de Clara Morgane (si elle avait été poilue quoi).
Le haut d'un CGTiste du Nord et le bas de Christian clavier dans Le père noël est une ordure.
Le truc improbable.
La rencontre qui n'existe pas.
Le délire total.
Une blague sur pattes ...
Il a fallu qu'il passe justement ce soir où j'étais là.
Mais le malheur, le grand malheur pour moi, c'est qu'il était tout à fait sérieux en plus !
Et que mes potes et moi on a donc dû se montrer raisonnables c'est à dire ne pas barrer en live et en fou rire comme les couillons qu'on était (qu'on est toujours d'ailleurs !).
Ne pas penser à "Browson avec nous !"
Ne pas penser à "Un petit poisson un petit oiseau s'aimaient d'amour tendre".
Ne pas penser du tout tiens !
J'ai donc passé la soirée entière à l'écouter nous raconter les plus grandes banalités, comme si tout était absolument normal.
C'est vrai, une fois qu'il t'avait expliqué qu'il aimait pardessus tout le contact des collants en nylon, et que du coup il s'était dit qu'il n'avait qu'à en porter pour pouvoir tout le temps les toucher, tout nous semblait on ne peut plus normal hein ...
Donc la pluie, le beau temps, la politique un peu aussi soyons fous ...
J'ai même fini, miracle, par oublier sa petite particularité puisqu'il était assis et que nous étions à table.
J'ai donc parlé avec sa moitié homme.
En évitant toutefois de croiser le regard de mes potes.
J'ai tenu bon, eux aussi.
On était pas peu fiers.
Mais voilà, quand la fin de soirée est arrivée, il a fallu quitter la table.
Il a fallu se relever !
Et ce personnage mi-figue mi-raisin (ou Minos et Minas si tu es fan d'Albator) est réapparu dans son intégralité.
Et donc dans sa dualité si je puis dire.
Les ongles noirs pendaient ou bout de la main qui était posée le long de la jupe fendue.
Il se tenait tant bien que mal sur ses hauts talons en nous faisant la bise.
Je n'allais pas pouvoir me retenir beaucoup plus longtemps de rire ...
Il y avait trois mètres environ à franchir avant la porte d'entrée.
Trois mètres qui m'ont paru une éternité.
Je lui ai dit au revoir du bout des lèvres.
Forcément, je me mordais les joues.
Mes potes ont fermé la porte.
Et on n'a pas pu.
Non, on n'a même pas pu attendre qu'il se soit éloigné !
Ca faisait trop longtemps qu'on se retenait.
On est partis dans le fou rire le plus mémorable de notre collection (pourtant fournie).
Je pense qu'on doit être 15 personnes peut être à l'avoir rencontré.
Et il a fallu que ça tombe le soir où j'étais de passage.
Je me suis sentie comme le grand blond avec une chaussure noire, une fois de plus, mais ma chaussure à moi, au moins, n'était pas à talons.
C'est ce qui m'a sauvée.
A tous les coups sinon, il aurait voulu me les piquer !