lundi 23 novembre 2015

Le temps des contrastes ...



J'ai eu beau chercher, me creuser la tête, m'arracher les cheveux, impossible.
Impossible d'écrire.
Impossible de t'écrire.
De mettre en mots quelque chose qui ait du sens.
Rien n'a plus de sens.
Tout part en vrille.
"Renseigne moi Goose !"
Mais Goose n'est plus là, et tout espoir de trouver sa route paraît anéanti.
Je n'ai rien écrit, mais j'ai tout ressenti.
Comme toi, comme nous, comme elle et lui.
La colère, la haine, l'effroi, l'incompréhension, la douleur, l'impuissance, la peur viscérale, l'angoisse abyssale, le chagrin inconsolable, le doute, le refus, le déni, le pourquoi, le comment, le quand, le quoi, le où ...
J'ai dû mal entendre, mal comprendre.
Ils se sont trompés, ce n'est pas possible, pas vrai, pas réel.
Je crois que le refus et le déni prennent en fait la plus grosse place.
Mon cerveau ne parvient pas à accueillir les informations de ces derniers jours.
Mon coeur les refuse en bloc.
Et j'avance, poings serrés et coeur en vrac, dans un chemin totalement inconnu.
Et je vois, j'entends, je vis des choses totalement déconcertantes.
C'est bien le temps des contrastes, oui.
Jamais ombre et lumière ne me semblent s'être autant côtoyées, autant opposées.
Face à l'horreur, à l'immonde, aux barbares, face aux aigris, aux racistes, aux connards, face aux inconscients, aux cons tout court, face à ceux qui s'en foutent, à ceux qui croient tout savoir et à ceux qui t'en foutent plein la gueule, à ceux qui te disent que tu vas crever bientôt, que plus rien ne sert à rien, que la merde nous enterre, que tout est vain ...
Il y a cette lumière.
Il y a cette douceur.
Il y a cette tendresse.
Il y a cet élan.
D'amour pur, d'amour total.
Il y a ceux que tu serres tellement fort dans tes bras.
Ceux dont tu réalises que tu les aimes encore plus que tu ne pouvais le supposer.
Ceux dont tu découvres que tu as besoin d'eux bien plus que tu ne le croyais.
Ceux qui sont les fondations.
Ceux qui sont le terreau.
Ceux qui sont les branches autour, tout autour du tronc, tout autour de ton tronc.
Ceux qui t'enserrent, ceux qui t'entourent, ceux qui te disent qu'ils t'aiment.
Il y a tout ça, aussi.
Le puits sans fond de la douleur, de la monstruosité.
Face à cette montagne de coeurs purs, d'amour et d'amitié.
Le temps des contrastes, oui plus que jamais.
Pleurer, se sentir si perdu, avoir peur de l'avenir, pour toi, pour moi, pour nos gosses ...
Et la minute d'après, rire, danser, pousser à fond le son et s'arracher les tympans.
S'enfuir pour marcher en forêt, s'abrutir de vin et d'amis, choisir de ne pas se laisser sombrer.
Le quotidien pour moi est pourtant très épargné.
Ceux qui étaient plus proches, ceux qui avaient des proches, je n'ose pas y penser.
Et à la fois, ils sont sans cesse dans mes pensées.
Le temps des paradoxes aussi, il semblerait.
Le temps de la confusion, suprême, totale.
Le temps de la culpabilité, de la honte, de l'inutilité.
Le temps de l'espoir, quand même, un peu fou, que ça va finir par s'arranger.
Qu'on va trouver des nouvelles façons.
De nouveaux défis.
De nouveaux enjeux.
Mais en attendant ...
Tenter d'avancer.
De ne jamais renoncer.
De faire de son mieux, à son niveau, à son degré.
D'être là pour les autres.
D'avoir de l'empathie.
D'accompagner ceux qui sont dans la peine.
D'aimer à coeur ouvert, à coeur battant, à coeur perdu.
D'aimer la vie, tout simplement.
Parce que chaque jour, en ces temps contrastés, nous rappelle combien on est chanceux de pouvoir la garder.