mercredi 27 août 2014

Et, un à un, tenter d'ôter les graviers dans mes chaussures ...


Est-ce que si tu les déposes sur une serviette de plage ils deviennent un jour plus légers ?
Est-ce que si tu les écris dans une fenêtre virtuelle ils deviennent un jour plus doux ?
Est-ce que si tu les regardes en face ils deviennent un jour moins dangereux ?
Est-ce que si tu les caches au fond d'une poche tu parviens un jour à les oublier ?
Est-ce que si tu mets ton énergie à les reconnaître, à les cerner, à les comprendre, ils deviennent un jour tes amis ?
Est-ce qu'un jour tu peux les regarder avec presque de la tendresse au fond des yeux ?
Est-ce qu'ils te définissent ?
Est-ce qu'ils te rendent heureuse ou malheureuse ?
Est-ce que la vie les jette dans l'oubli, pour mieux les rappeler de ses voeux ?
Est-ce que c'est la lumière, plus douce, qui te les fait accepter mieux ?
Est-ce que cette même lumière peut un jour les rendre âpres, coupants, acérés au point de te blesser, encore et encore ?
Est-ce qu'un jour on peut dire qu'ils ne sont plus là ?
Ou est-ce qu'ils sont là mais sans que la douleur ne les accompagne plus ?
Tous ces cailloux sur la route, tous ces graviers dans nos chaussures, toute notre vie au fond de nos bottes et de nos coeurs ...
Je ne sais pas.

lundi 25 août 2014

Et dans ses yeux, le monde entier ...


Je suis chaque fois harponnée par ce regard.
Cette expression.
J'ouvre le document.
Je le referme.
Encore, et encore.
Cette photo de ma fille.
Ce miroir de mes failles.
Elle est tellement radieuse.
Tellement lumineuse.
Ce regard qu'elle a !
"J'ai confiance".
"Je suis heureuse".
Voilà ce qu'elle me dit du haut de ses 7 ans.
Voilà ce que j'entends.
Et ... ça me bouleverse.
"Nos enfants sont des miroirs", c'est un vrai lieu commun que cette phrase.
Et pourtant, pourtant j'en fais l'expérience avec un réel étonnement chaque jour.
Ma fille n'a pas peur.
Elle n'est pas cloîtrée dans des angoisses ou des non dits.
Elle tend vers moi sa main, sa petite main, sans trembler.
Elle sait.
Elle sent.
Que je suis là pour elle.
Qu'elle peut me faire confiance.
Et s'appuyer sur moi.
Quand moi, à son âge, j'étais déjà l'appui de ma mère ...
Quand moi j'étais sa canne.
Quand je tremblais déjà, qu'elle tombe, qu'elle pleure, qu'elle se volatilise ou qu'elle vole en éclat ...
Mes yeux de petite fille étaient bien moins confiants.
Ils étaient plus voilés.
Ils étaient le reflet de mon âme, déjà vieille et torturée.
Parce que toutes les vies ne se ressemblent pas.
Parce que peu d'enfances sont réellement si protégées que ça.
Parce que l'insouciance est une denrée bien rare ...
Alors je me remplis.
Je la regarde, encore et encore.
Je m'en nourris, profondément, consciemment.
Et petit à petit, je le sens, son regard me redonne confiance en moi, en la vie.
Sa foi me donne l'espoir que oui, elle sera heureuse, et que tout ira bien.
Je ne veux que cela.
Ressentir son amour et sa joie.
Et garder cette image d'une main sans crainte tendue vers moi.
Et celle de ce regard.
La confiance dans sa main ...
Et dans ses yeux, le monde entier.

jeudi 21 août 2014

Celle qui avait désormais un troisième oeil ...



En me lisant depuis quelques temps j'espère (j'aime imaginer des lecteurs ou lectrices fidèles, c'est mon trip judéo chrétien j'y peux rien ;)), tu as compris je pense que je suis atteinte, somme toute contre ma volonté, d'une espèce de malédiction bizarre que j'ai nommée pour te faire rire la "Pierre Richardise".
Cette malédiction me conduit à vivre des scènes plus ou moins ubuesques dans mon quotidien, mais l'avantage c'est que je peux ensuite revenir ici, dans ce petit coin de nature d'écran, pour te raconter ma vie palpitante et te faire passer la pilule de mes autres articles ...
Tu me diras, tout le monde vit des petites aventures, anecdotes, bizarreries ...
Les miennes ne sont pas forcément plus intéressantes que celles des autres.
T'as pas tort.
Mais quand même, avec le temps, je te jure que je crois qu'il m'en arrive bien plus qu'à la moyenne des gens "normaux" !
Et pourtant, j'essaie de prendre le moins de risques possibles.
Ben oui, quand tu sais fondamentalement que le moindre de tes mouvements peut engendrer une mini série de catastrophes, tu y réfléchis à deux fois.
Tu prends conseil auprès des autres, tu demandes des pistes, tu balises à mort (dans tous les sens du terme d'ailleurs !).
Et tu penses naïvement que ça suffit.
Alors que ... non évidemment !
Si je demande à despotes l'adresse d'un bon garagiste pour ne pas me faire enfler par un escroc, tu peux être sûr que je me retrouve avec une facture de 2000 euros et que je repars avec une 2CV alors que j'ai confié une Porsche ...
Si je vais me faire couper les cheveux chez une perle de la mèche rebelle, il est imparable que je vais ressortir, si j'ai demandé une coupe qui part un peu en pétard, avec une clochette de muguet sur la tête ...
Si je cherche un architecte pour agrandir ma petite maison dans la prairie, si je lui demande de choisir elle même les entreprises pour ne pas prendre le moindre risque, je ne me retrouve pas avec deux chambres en plus mais avec une chambre en moins et un procès au cul depuis 4 ans 1/2 ...
J'exagère même pas tu sais !
(Sauf pour la Porsche ok).
Malgré tout, j'essaie toujours de m'entourer de conseils et de précautions, car je me dis qui si je suivais mon intuition ça ne pourrait qu'être pire.
C'est donc ainsi que j'ai appelé une copine pour lui demander les coordonnées de sa dermatologue avant l'été.
J'avais un très très moche grain de beauté (à ce stade d'ailleurs je ne comprends pas pourquoi ça ne s'appelle pas un grain de mocheté mais on ne va pas chipoter).
Il fallait probablement le faire retirer.
J'avais regardé sur Google (mon ami mon frère, je suis sûre que toi aussi tu le fais maintenant dès que tu te poses une question) et il y avait, pour savoir si un grain de beauté pouvait être considéré comme inquiétant, différents critères.
Si il est un peu foncé (le mien était presque noir comme un four)
Si il a des contours irréguliers (le mien ressemblait à une carte de France)
Si il n'est pas plat (le mien n''avait pas le bombé de Samantha Fox mais pas non plus le lisse de Jane B.)
Bref, j'avais tout bon (ou tout faux en fait), et il fallait rapidement consulter.
J'ai pris RDV avec LA super dermato de ma copine, celle qui lui avait retiré 14 grains de beauté (et je peux te dire qu'elle elle risquait pas d'avoir un grain de mocheté vu que Cameron Diaz à côté est un laid caneton), celle qui paraît-il faisait "des points de fée" qui ne laissaient pas la moindre cicatrice.
C'était celle qu'il me fallait !
Quand j'ai eu le RDV, rapidement en plus, j'ai jubilé.
Mais pas longtemps.
Evidemment, e-vi-dem-ment, il y a eu une couille dans le potage.
Ma fille a commencé à se couvrir de pustules immondes, son Molluscum Contagiosum sa race, il lui fallait un RDV dermato en urgence.
Tu te doutes que j'ai utilisé mon RDV pour ma poulette.
Mais à la fin, quand même, j'ai demandé à la dame (pourtant pas hyper commode, ni très causante il faut l'avouer), si elle pouvait juste jeter un oeil sur mon GDM (grain de mocheté) pour me dire s'il fallait que je le fasse retirer rapidement ou pas.
Elle a regardé mon cul.
Elle a fait "huuuummmmm".
(parce que le GDM était situé sur le haut de mon cul côté gauche, ne vas pas imaginer n'importe quoi voyons !)
Et puis elle a dit "on le retire vendredi prochain".
Sans autre forme de procès comme dirait l'autre.
Moi je suis rentrée un peu flippée.
Je m'imaginais déjà avec une espèce de cancer du cul, connaissant ma légendaire tendance à être moisie dans la vie ça pouvait pas être quelque chose de moins classe que ça !
Le vendredi est arrivé, je me suis rendue chez la dame.
Elle m'a pas dit un seul mot après "bonjour" et "déshabillez vous".
Ca me met toujours très à l'aise des médecins comme ça, j'étais donc aux anges.
Un poil (et à poil) tétanisée quoi.
Du coup, j'ai pas osé poser la moindre question.
J'ai attendu qu'elle me pique pour l'anesthésie.
J'ai entendu le scalpel oeuvrer.
J'ai senti qu'elle faisait un peu de couture sur mon fondement.
Et puis qu'elle posait un pansement.
Et puis elle m'a dit "voilà c'est fini", et "on va l'envoyer au labo pour analyse", j'ai payé et je suis partie.
J'avais pour consigne de retirer le pansement pour le changer 48 h après.
Le dimanche matin donc, je suis allée me cacher dans la salle de bains.
J'ai retiré le premier pansement.
Et j'ai regardé, pour la première fois.
Avant, il y avait de GDM pas beau du tout, mais pas bien gros, peut être la taille de la moitié de l'ongle de mon petit doigt (vas y regarde tes mains et réfléchis ;)).
Après, il y avait 8 points de suture, et une balafre de 2 cm de long.
Le choc !
Cette connasse m'avait retiré quasiment la moitié du cul !
(et, avec, la moindre chance de retrouver un mec qui veuille de moi si par malheur je devais divorcer de mon rugbyman adoré !!).
J'étais défigurée.
Enfin déculgurée quoi.
Enfin tu comprends ce que je veux dire, j'étais bien dég !
"La petite fée des points", mon cul oui ! (c'était bien le cas de le dire).
Je me suis dit qu'il fallait passer outre ma colère, que ça allait sans doute bien cicatriser et laisser juste une petite marque fine (mais de 2 cm quand même !), et que ce n'était pas grave évidemment, et patati et patata.
Je devais la revoir 10 jours après pour faire retirer les points.
J'y suis donc allée.
Bien entendu, je n'ai pas dit un mot sur le fait que j'avais halluciné sur le fossé qu'elle m'avait creusé dans le popotin.
Les médecins ...
Enfin bref, j'ai rien pu dire.
J'ai juste demandé si le GDM était clean, elle m'a dit oui, ça m'a suffi comme petit bonheur.
Elle a commencé à retirer les points un à un.
Et elle a juste fait "huuuummmm".
Rétrospectivement, je me suis demandée si c'était pas un médecin manquant cruellement soit de vocabulaire, soit de mode de communication, parce qu'à part cette onomatopée franchement elle savait pas dire grand chose ...
Elle a du le sentir.
Car elle a fini par ajouter quelque chose.
"Bon, il y a un petit souci de cicatrisation, le niveau profond est OK mais pas le niveau superficiel".
Super.
Pour une fois qu'elle ouvrait sa boîte à camembert, c'était pour me balancer des mauvaises nouvelles.
Elle m'a expliqué (en deux phrases hein, ne nous emballons pas), qu'elle allait poser des strips pour "finir le travail".
J'ai aimé l'expression, qui personnellement me fait penser à Victor Nettoyeur dans Nikita.
Rassurant quoi.
Elle a donc posé ses foutus strips.
Elle a juste ajouté "il ne faut surtout pas y toucher avant 7 jours".
Elle a ensuite posé un pansement par dessus.
Et je suis repartie, avec mon cul en réparation.
Le soir même, le pansement était plein de sang, ça se voyait et ça m'inquiétait un peu.
Je l'ai dit à mon mec.
"Mais t'inquiète pas !", m'a-t-il répondu.
Il a ajouté qu'il m'aimerait toujours, même si j'avais qu'un demi-cul, et que ce petit morceau en moins ne changeait rien à son attachement éternel.
Bref, il s'est bien foutu de ma gueule.
Moi quand même, j'étais pas tranquille.
"Je vais appeler le médecin je crois hein hein qu'est ce que t'en penses ?".
Et c'est là, à ce moment précis de l'histoire, que j'ai commis ma plus grosse erreur.
Celle que je commets tout le temps en fait.
Je suis convaincue, comme je doute en permanence de tout ce que je pense, que les autres SAVENT.
Donc je demande.
Tout.
Tout le temps.
A tout le monde.
Au lieu de suivre ma putain d'intuition.
Parce que j'ai une putain d'intuition, oui.
Une sorte d'"antenne à emmerdes" pour être exacte.
Quand quelque chose va tourner vinaigre, quand la malédiction revient, quand ça commence à sentir méchamment le roussi, je le sens, je le sais, en général avant tout le monde.
Mais comme je ne me fais pas confiance, je laisse venir.
Et c'est la cata.
Hé bien là, j'ai fait ça.
J'ai laissé venir.
Il m'a dit "mais n'appelle pas !".
Et je n'ai pas appelé.
Une semaine plus tard j'ai retiré le pansement.
Et je voulais retirer les strips aussi.
Mais j'ai pas eu besoin.
Parce qu'ils sont tous venus avec le pansement évidemment.
Le sang les avait complètement imbibés dès le premier jour.
(un peu comme des morues parisiennes et cannoises tournant au rosé si tu vois ce que je veux dire ;))
Du coup, pendant 7 jours, j'ai gardé sur le cul un pansement inutile, avec des strips inopérants.
Et, au final, je me suis retrouvée avec une cicatrice de 2 cm de longs, et 3 mm de large !
Ca, avec en plus les traces des points comme des petites lignes de part et d'autre du trou en amande, en y regardant bien - au delà du fait que que c'était affreusement moche bien sûr - ça ressemblait à quelque chose que je connaissais ...
J'ai plissé les yeux, et j'ai compris !
Un oeil !
Mais oui, c'est ça !
Ca ressemblait à un oeil entr'ouvert, avec des petits cils et tout !
Cette salope m'avait tatoué un troisième oeil sur le cul !!!!!
J'aurais pu m'énerver.
J'aurais pu hurler.
J'aurais pu m'amputer du cul.
Je n'ai rien fait de tout ça.
J'ai décidé d'être forte face à l'adversité.
J'ai décidé, une fois le choc passé, de faire de cette mésaventure un atout.
J'ai décidé que je n'écouterais plus jamais mon mec les autres, et que je ferais confiance à mon intuition !
De toutes façons, je ne peux plus me tromper maintenant.
Je suis quand même la femme qui a un troisième oeil sur le fondement.
Je vois l'avenir par le trou du cul presque.
Alors s'il te plaît, à partir de maintenant, pour mon intuition : Respect !



lundi 18 août 2014

N'est pas mouton qui veut, ou Bob Richard à la plage ...


Cet été, c'était pas franchement le délire pour les vacances ...
On était partis pour rester (high level de la vanne steuplé), et je commençais à sérieusement baver de jalousie devant les couchers de soleil des copines Facebook et Instagram ...
(Tu me diras j'avais qu'à pas regarder je sais je sais je sais)
Et puis, finalement, presque sur un malentendu comme dirait l'autre, on a eu une ouverture et on a donc pris la route pour 10 jours, dont une petite semaine à Marseille.
J'avais remarqué dans les sioublimes photos de couchers de soleil des copines que plusieurs d'entre elles (elles se reconnaîtront et je les embrasse !) parlaient de ce havre de paix qu'est la plage de l'Almanarre après 18h.
A ce stade tu l'auras sans doute compris, j 'ai pas pu résister, j'ai fini par vouloir moutonner.
J'ai commencé à travailler mon mec au corps parce que lui les photos FB ou IG ça lui en touche une sans faire bouger l'autre si tu vois ce que je veux dire !
On était à Marseille, l'Almanarre est près de Hyères, on devait donc faire 80 bornes pour parvenir au Graal ... Et 160 dans l'après midi pour aller tremper un pied alors que partout en ville les plages nous narguaient.
Mais il faut croire que je l 'ai suffisamment saoulé j'ai été assez convaincante car il a fini par accepter.
Vu le monde en journée, mon plan était simple : il fallait s'arranger pour se balader longtemps et arriver en fin d'après midi.
On a donc pris les chemins de traverse (ceux qui ne sont jamais les plus courts, merci Francis).
Très organisés que nous sommes, on a zoné pour trouver un endroit où acheter à manger (quand tu pars à 13h c'est bizarre non ?), zoné pour trouver un endroit où pique niquer (entre Marseille et Hyères si tu veux pas marcher 20 mn pour aller dans une calanque tu te retrouves face à une absence de choix aussi désespérante qu'un test WISC 4 sur une Nabila jeune), on a failli manger en face d'un supermarché tellement on trouvait rien dans la pinède, et puis on a fini par se poser dans un endroit sympa niveau vue, mais qui devait avoir servi de pipiroom il faut bien se l'avouer (vu qu'il y avait presque autant de mouchoirs au pied de certains arbres que de poils sur le torse de Demis Roussos).
Qu'à cela ne tienne, on s'est légèrement éloignés et on a quand même mangé notre pizza sur laquelle on bavait depuis presque une heure, le carton sur les genoux dans la bagnole.
La vue sur la mer, le bruit des cigales, le goût de la pizza au feu de bois, tout ça nous a fait oublier qu'on était posés comme des clochards avec des cailloux qui nous labouraient le cul.
On a fait un concours de tir (au caillou du coup), en trichant tous autant qu'on pouvait, on s'est bien marrés finalement, il nous en faut peu tu vois ...
Et puis on a fini par décoller parce qu'une famille de belges arrivait, et qu'on n'a rien contre les belges mais quand même on a nos limites hein (non je déconne !).
Le truc par contre c'est qu'on n'a pas croisé la moindre poubelle jusqu'au "parking" (un vieux bout de terre en fait), et qu'on a eu un fou rire quand mon mec a signalé que la fenêtre de la bagnole des belges était ouverte ...
C'aurait été pratique non ?
Je te rassure, on l'a pas fait, mais rien que d'y penser on était morts de rire comme deux sales gosses qu'on est ...
Enfin bref, l'Almanarre me diras tu ???
Hé bien quand on est arrivés sur cette plage tant convoitée, vers 17h, et on a vite compris qu'on n'était pas les seuls àl a convoiter.
Il y avait tant de monde qu'on aurait dit une colonie de morpions sur une planche de Reiser !
Horrible !
Stoïque, mon mec n'a rien dit et a tourné pour trouver à se garer pendant un bon 1/4 d'heure.
On a réussi par miracle à poser nos serviettes entre deux parasols, et là, les enfants ont découvert que la plage de sable fin que maman avait promis était en fait un mélange de gros sable et de galets (qu'ils détestent, comme tous les mômes qui se tuent les pieds en allant se baigner).
J'ai bien senti que mon plan de rêve commençait sérieusement à déconner, que ça ressemblait pas trop aux photos que j'avais vues (saletés de filtres ;)), et surtout que ça commençait à virer Pierre Richard style, mais j'ai décidé que tout allait bien se passer.
Nier la réalité, première étape vers le bonheur !
Ca a fonctionné un temps.
Plutôt bien même, car "les gens" ont commencé doucement à se lever et à quitter la plage, donc on gagnait au moins de l'espace, à défaut du confort des pieds (ben oui ils partaient mais sans les galets tu comprends bien).
Et, au moment où j'ai vraiment commencé à me détendre, j'ai entendu un hurlement (non, j'exagère même pas pour une fois).
Mon fils.
Qui sortait de l'eau en traînant la jambe.
Au nombre de décibels, je te jure que j'ai cru qu'il s'était fait bouffer le mollet par un requin !
En fait, c'était quand même moins grave, mais il s'était fait choper par une méduse et avait trois grosses piqures / brûlures sur le corps.
On a frotté avec du sable, et, en bonne mère qui a regardé les bronzés, je lui ai dit qu'ils fallait pisser sur les brûlures.
Ben si.
La tête qu'il a faite !
Et pourtant c'est vrai, tous les gens du coin nous l'ont ensuite confirmé.
Mais bon, l'adolescent s'était suffisamment fait chier dans cette journée pour ne pas en plus vouloir être couvert d'urine.
Je le cite.
On a donc cherché un poste de secours, il a eu une petite pommade et un bisou magique (je déconne, la pommade a suffi), et on a pu se rassoir sur nos serviettes et constater que la plage s'était, ô miracle, quasiment vidée ...
On a enfin pu profiter de la vue magnifique, celle des photos sur lesquelles j'avais bavé, celle dont je rêvais depuis quelques jours sur un petit écran ...
Bon évidemment, il y avait malgré tout ce problème de bruit de fond.
"J'ai maaaaaaaal".
"J'ai maaaaaaaal".
"J'ai hyper maaaaaaaal".
Car l'ado est très expressif dans la douleur.
(comme dans la faim, dans la revendication et dans la joie aussi d'ailleurs).
(mais je m'égare).
Mais on a posé délicatement une barrière mentale sur ce bruit de fond.
Et on s'est employés à se détendre totalement.
Tous nos muscles.
Tous.
Quand soudain, j'ai eu un flash.
Je me suis souvenue que j'étais une femme.
Oui je sais ça paraît con.
Et dit comme ça, ça l'est.
Mais que j'étais une femme indisposée on va dire ...
Et que j'étais aussi une femme trèèèèèès étourdie.
Et qu'on était partis de l'appart depuis trèèèès longtemps.
Et si.
Les filles, elles, ont déjà compris mon désarroi.
Les mecs, franchement, cherchez pas, j'ai trop honte pour vous expliquer.
Je me suis donc dépêchée de chercher des toilettes.
Pas de toilettes.
Un cabanon ?
Pas de cabanon.
Des bosquets au moins ...
Pas de bosquets.
Fuck.
Il me fallait pourtant un lieu, pas trop à la vue, pour faire ce que j'avais à faire.
Tu veux la vérité ?
(La honte sur ma tête à jamais !)
J'ai fini par aller me planquer sur le chemin d'accès à la plage, entre la plage et la route donc, en priant pour que personne ne passe sur ce chemin et en utilisant le caleçon de mon mec comme "papier" ...
Je te passe les bagnoles qui ralentissaient en me voyant le cul à l'air accroupie dans le sable, un vrai bonheur.
Terrible ...
Il en pleure encore de rire quand il y pense.
Moi, moins je dois dire.
Mais bon, je me suis dit que, une fois ça fait, on allait ENFIN profiter vraiment de cette putain de plage de rêve hein nom de dieu de bordel de merde !!
J'ai pris mon réflex, commencé à mitrailler mes gosses, immortalisé la lumière du soleil couchant, tellement belle, tellement flatteuse aussi ...
Ils jouaient au bord de l'eau, mes deux amours, c'était adorable.
Je me suis approchée mais sans que mes pieds soient mouillés, je ne voulais pas prendre de risque tu comprends, j'étais au bord, juste au bord, je les shootais et je me régalais les pupilles ...
Et puis il y a eu ...
Tout à coup ...
Cette énorme vague !
Je te jure, j'étais loin, c'était absolument impossible !
Et pourtant elle m'a complètement trempée cette connasse !!!
Mon mec a tellement ri qu'il a failli faire un AVC.
Mon fils en a même oublié la douleur de la méduse.
Ma fille n'a rien capté, elle jouait comme d'habitude.
J'ai eu droit à la petite remarque qui m'a tuée : " Chérie je vois bien que ton short est trempé mais ... là je ne peux plus t'aider, tu m'as déjà piqué mon caleçon j'ai plus de cartouches mouhahahaaaa".
J'ai hésité à l'étrangler ... mais il y avait encore la route à faire pour rentrer à Marseille et enfin se coucher, pour oublier cette journée et mes idées à la con !
Et autant te dire que le lendemain, on est restés sur place et j'ai été privée de téléphone portable.
Avec moi, ils avaient trop peur de retenter le coup de "sous les galets, la plage ... et les emmerdes par poignées" !


lundi 11 août 2014

Et puis s'arrêter, le temps suspendu ...


Et ne plus savoir ...
Par où commencer, et où s'arrêter ...
Et vouloir m'enfuir.
Tout larguer.
Tout fermer.
Les comptes, les maisons, les projets.
Et puis fuir les non dits, les eaux troubles, les amitiés compliquées.
Tout planter pour aller me ressourcer.
Là où il fait chaud.
Dedans comme dehors.
Là où on m'attend, comme je veux, quand je veux, si je veux.
Là où m'on me prend comme je suis.
Sans jugement.
Sans moquerie.
Sans mesquinerie.
Là où l'amour brille aussi fort que le soleil.
Là où je me sens protégée.
Au chaud.
Protégée des autres et de moi même.
De mes errances.
De mes ruminations stériles.
De mes angoisses.
Et toi mon coeur, qu'attends tu ?
Bulles de bonheur succédant aux grottes de douleurs.
Comme un ascenseur émotionnel.
Ca monte trop vite, ça descend trop fort.
Ca saute des étages.
Ca vibre de partout.
Ca reste les portes ouvertes sur une zone glauque.
Ca se referme alors que la lumière paraît briller si fort dehors.
Putain mais qui joue avec les boutons ?
Mais qui décide où on va se poser pour de bon ?
Et puis au milieu de tout ça, au milieu de ce bordel, retrouver le plus fort des secrets, le plus beau des cadeaux, le château fort que j'ai construit, année après année, joies et peines mélangées, chaque enfant venant de son amour encore rehausser ce bouquet ...
Cette famille qui m'accepte, qui m'aime, que j'aime.
Ce bonheur fragile et pourtant si solide aussi.
Les pieds ancrés, dans du sable peut être, mais du sable mouillé.
Vas y, essaie un peu de me faire bouger.
Essaie.
Je suis là.
Les pieds dans le sol bien plantés.
Oh, peut être que je tomberai un jour, oui, peut être ...
Ou peut être que je resterai debout, les vagues érodant mon corps et mon coeur usés, les embruns sur ma peau, les yeux bientôt par l'iode brûlés ...
Tout pour un peu d'amour encore après tout !


Crédit photo : Bob