mercredi 2 octobre 2013

Et sortir les cadavres du placard ...


J'ai souvent le sentiment d'être l'empêcheuse de tourner en rond ...
Avec ma famille, avec mes amis, comme si parfois il me manquait un mode d'emploi, comme si ma façon de penser différait de celle des autres, comme si on était tous des étrangers ...
Ou plutôt comme si j'étais moi une étrangère dans un pays où tout le monde se comprenait.
Et cette tendance, atroce, pesante, envahissante mais irrépressible, à voir arriver les catastrophes, les merdes en tous genres, les ouragans qui nous foncent dessus et qui font trembler nos vies ...
Si seulement je pouvais garder pour moi tout ça, ces sentiments, ces impressions, ces intuitions peut être, le calme - en apparence - pourrait peut être encore se faire ?
Mais je parle.
Toujours.
Je dis.
C'est peut être ma plus belle qualité et c'est sans doute mon plus gros défaut.
Parce que certaines choses ne sont pas bonnes à dire.
Parce que certaines choses ne sont pas belles à entendre.
Parce que je ne trouve pas les mots.
Parce que je réveille les morts et les maux.
Oui, je suis l'empêcheuse de tourner en rond et ça m'a parfois empêché de dormir, parce que des cadavres, on en trouve dans TOUS les placards.
Chacun, chacune, les siens.
Gros, petits, moches, affreux, anciens ou récents, on en a tous.
J'en ai, vous en avez, nous en avons.
Tous.
Sans le vouloir, il y a quelque mois, j'en ai fait sortir un, réellement abominable.
Il était dans mon placard d'enfant, j'avais découvert qu'il était aussi dans celui d'une autre, et un jour, sans que je m'y attende, l'énorme monstre nous a finalement explosé à la gueule ...
Couvert de vermine, affreux à vomir, il était là, tapi dans l'ombre dans plusieurs placards bien fermés depuis toutes ces années, mais comment, comment avait-on pu ne pas s'en parler ???
Alors tout a éclaté, les cœurs, les sanglots, les secrets ...
Tout est sorti, et c'était d'un violence à peine supportable.
Alors je m'en suis voulu, terriblement.
Mais aujourd'hui je ne m'en veux plus.
Aujourd'hui nous allons affronter le monstre.
Aujourd'hui nous allons tuer le cauchemar.
Aujourd'hui nous sommes dans la lumière.
Aujourd'hui nous sommes dans la parole.
Aujourd'hui, malgré la lutte qu'il va falloir mener, malgré la peur qu'il va falloir gérer, malgré la honte qu'il va falloir dépasser, aujourd'hui je me sens fière.
De moi un peu, des autres surtout.
Parce qu''aujourd'hui, tous les non-dits sont morts.


Crédit photo : Bob

11 commentaires:

  1. "On sait d'où on vient
    Tous ces morts qu'on traîne
    Rangés avec soin
    Mais c'est pas la peine
    De me parler d'eux
    Je n'écoute rien
    Dis soyons sérieux
    Allons dans un coin [...]"

    Alex Beaupain - Baiser tout le temps.

    Ce qu'il dit ici ce garçon (si tu m'as lue tu sais à quel point je l'aime), c'est ce qu'on nous a rabâché toute notre vie, ce que notre bonne éducation nous impose, ce que notre crainte des regards offusqués et des fuites gênées nous imposent. Mais c'est toi qui as raison, il faut dire les choses. Moi j'ai toujours peur de dire -peur de quoi? là est toute la question- et, immanquablement, je le regrette.

    J'espère seulement que cette sortie de placard ne sera pas trop douloureuse. Qu'une fois qu'il sera rangé et dépoussiéré tu pourras y ranger de belles choses et oublier les fantômes du souvenir.

    Bises

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    1. Je ne sais pas si il faut dire les choses Anne, parfois je ne peux juste pas les retenir ... Souvent je regrette ensuite amèrement de ne pas savoir me taire et attendre un peu ... Souvent mais pas toujours, car certains cadavres doivent réellement finir à la mer !

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    2. J'aimerais penser que c'est le cadavre de ta c... de belle-mère que tu t'apprêtes à jeter à la mère, mais je crains que ce ne soit encore pire. Alors, bon courage à toi.

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    3. Ton mot m'a presque fait rire Blandine, tu vois je ne voyais même pas de qui tu voulais parler tellement je l'ai rayée de ma vie ! Non, il ne s'agit pas de ce cadavre là, celui ci hélas n'implique pas que moi et c'est ce qui me fait le plus de peine ...

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  2. Mon Bob, tu as le droit de ne pas être toujours la plus forte. Tu as le droit de te tromper (des fois, hein, seulement des fois ! :)). Tu as le droit d'être maladroite. Tu as même le droit de décevoir des gens (et ceux là ne valent pas la peine que tu te rates le court-bouillon). Tu as le droit de faillir, de faire le mauvais choix, parce que la vie est ainsi, noir et blanc, lumière et obscurité. Oui, tu as le droit.
    Parce que tu aimes.
    Et parce que tu as plein de personnes autour de toi à aimer, et qui t'aiment (parce que tu le vaux bien - même en Farah Fawcett). Et cet amour là te donne la force de surmonter tout ça. Les peurs, les pleurs. Sur ce chemin là, tu n'es pas seule. Tu ne seras jamais seule. Garde au plus profond de toi les plus beaux, les plus forts des moteurs : l'amour, et l'espoir. Bises.

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    1. "Tu as même le droit de décevoir des gens" ...
      C'est la chose que je supporte le moins, c'est quand même con à presque 40 ans hein ?!
      Je garde en tête les deux plus forts moteurs, promis !
      Mais la prochaine fois fais moi un tout petit plaisir, en plus de celui de lire tes mots ... Signe ;) !

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    2. Emir Kusturica, recevant sa palme d'or a dit : je fais des films pour me faire aimer des gens....
      comme quoi c'est universel....
      Et des anonymes qui ne signent jamais, tu en connais beaucoup ?

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  3. pour une fois tu vois on est pas jumelle, moi j'ai du mal à dire les choses, j'ai beau être une grande gueule sur les choses sensibles je ferme ma gueule. Je crois que ça vient de ce désir d’être aimée ou de cette peur de ne pas l'être plutot, et puis je m'enlise ds le conflit je perds mes moyens. Bref pour revenir à toi parce que c'est de toi dont il s'agit : fonce! et tête haute, c'est une force d'être honnête et vraie, c'est un challenge aussi mais je suis sur que tu en sortiras grandit..FORZA!!! des bizttes

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    1. On est quand même jumelles parce que cette capacité à dire la vérité et à sortir les monstres du placard, je l'ai pour les gros gros sujets, mais par exemple je suis en blocage total quand je dois gérer des conflits ou désaccords avec mon entourage proche ... La peur de décevoir, comme toi, de ne pas être aimée, comme toi, d'être jugée, comme toi ... Et surtout, toujours, ce sentiment d'être incomprise ! Que je soigne ici et maintenant en te lisant ;) ! Je t'embrasse fort poulette !

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  4. La lumière par la parole, la vraie, celle qui "apaise et qui vrille" comme le chantent les Ogres de Barback, je crois.
    Des baisers, des vrais.
    Christine.

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    1. Quand tu ne viens pas poser tes paroles dans ce petit espace Christine, il manque quelque chose ... Tu es devenue mon point de suspension ;) ! Moi aussi je t'embrasse !

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