lundi 20 avril 2015

"Tu sais ce qui compte ? C'est l'amour ..."



C'était en fin de matinée.
Ou d'après midi peut être ?
Une fin de quelque chose en tous cas.
J'étais montée dans cette rame nonchalamment.
Se rendre à d'un point à un autre.
Prendre la bonne direction.
Changer de métro.
Changer de station.
Le ronron parisien et les gestes mécaniques.
Pas de bonjour.
Pas d'au revoir.
Pas d'échange, surtout pas d'échange on dirait.
Jusqu'à ce que je lève un peu le nez.
Et que je les vois.
Un couple d'une vingtaine d'années.
Seuls au milieu de cette rame pourtant bien remplie.
Lui endormi sur son épaule, à elle.
Il fait chaud.
Il a le front un peu moite.
La nuque aussi.
Il est assoupi sur cette épaule, et il a un très léger sourire aux lèvres.
Il est bien.
Apaisé.
Heureux.
Serein.
Chez lui.
Il a trouvé sa place.
C'est elle.
C'est elle sa place.
Celle qu'il cherchait sans le savoir peut être.
Elle, elle ne dort pas.
Elle a les yeux dans le vague.
Elle ne regarde personne.
Elle est perdue dans ses pensées et elle lui caresse délicatement la nuque.
Du bout du bout de ses doigts fins.
Petits cercles légers, répétitifs et tellement tendres.
Effleurer son amant.
Avec douceur.
Avec amour.
Avec tout l'amour du monde on dirait.
Ses doigts attrapent parfois au passage une petite mèche de cheveux frisottés qui parsèment le bas de son cou.
Elle est comme une île.
Une île nourricière.
Lui est totalement abandonné.
Je me fais cette remarque, intérieurement.
Il est totalement abandonné.
Mais qu'il est beau, qu'il est bon cet abandon là !
Ce lâcher prise absolu.
Cette absence de besoin de paraître.
Cette façon de juste être soi, avec l'autre, sans tricherie et sans faux semblants.
Ils ont trouvé.
Ils se sont trouvés.
Pour une nuit, pour une vie, je ne sais pas.
Eux non plus sans doute ...
Mais il y a autour d'eux cette aura, cette lumière magique.
Ils incarnent l'amour.
Ils incarnent la confiance.
Cette certitude que là, maintenant, à ce moment précis, plus rien d'autre ne compte que cette épaule sur laquelle se poser, et cette main qui caresse votre cou.
Je ne pourrais même pas vous dire s'ils étaient beaux ou pas.
Ils incarnaient l'amour c'est tout ce qu'il m'en reste.
Ce souvenir si doux.
Ce sourire attendri qui a envahi mon visage malgré moi.
Et celui de ma station ratée, à trop les observer ...

Crédit photo : inconnu ...



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