lundi 23 mars 2015

Les miroirs de l'âme ...



Nos enfants sont les miroirs de notre âme.
Ils nous bousculent, ils nous réactivent, ils nous révèlent à nous mêmes de vérités enfouies.
Certaines confortables, d'autres moins.
Certaines agréables, d'autres moches.
Lorsque je regarde ma fille, je suis transpercée.
Par sa beauté d'abord.
Ok, je suis tout sauf objective.
Mais quand même.
Elle a un charisme cette gosse.
Un truc en plus.
Un truc à elle.
Je la regarde et je me surprend à me demander comment j'étais à son âge.
Peut être parce qu'on me dit qu'elle me ressemble.
Alors que c'est moi qui aimerais lui ressembler !
A 8 ans, j'étais vilaine.
En tous cas je me trouvais vilaine.
Des lunettes roses affreuses.
La coupe de cheveux de Mireille Matthieu.
Une dent en avant.
Une tête de première de la classe.
Et des trous.
Des trous partout.
Dans le coeur, dans le corps.
Des manques.
Enormes.
Des plaies.
Béantes.
Des fous rires aussi, un sens de l'humour qui pointait le bout de son nez déjà.
Mais pas cette assurance.
Feinte ou réelle, il est un peu tôt pour savoir peut être.
Mais quand je la vois, je suis fascinée.
"Prends moi en photo maman !".
Et elle choisit sa pose, son rôle, son jeu.
Avec un aplomb et un instinct qui me rendent admirative.
Peut être que la différence se trouve aussi là.
Elle est admirée.
Elle est regardée.
Elle existe en tant qu'elle.
Pas en tant que ce qu'elle peut faire pour aider.
Je ne vais pas t'en remettre une couche à la Cosette, ma vie n'a pas été pire qu'une autre.
Mais j'avoue que ça m'aurait sans doute aidée.
De recevoir des compliments.
Plutôt que de servir d'enfant tampon, qui utilise toute son énergie pour apaiser les tensions dans sa famille.
De pouvoir me sentir soutenue par mes parents.
Et non pas d'être, moi, à 8 ans, leur soutien.
J'ai grillé beaucoup de mes cartouches, enfant.
J'ai usé et abusé de ma faculté d'adaptation.
Certes, ça a fait de moi une personne très sociale.
Good point.
Mais au point que je n'ai fait, longtemps, que répondre aux demandes, conscientes ou inconscientes, de mes interlocuteurs.
Dis moi ce que tu veux et je te dirai qui je suis.
C'était mon credo.
Je suis tellement heureuse de voir ma fille se construire un peu moins en fonction de mes désirs, de mes besoins.
Un peu plus en fonction des siens.
Même si, comme tout parent, on projette, on dirige inconsciemment.
Mais la liberté.
Mais l'insouciance.
Mais l'écoute.
Mais le respect du statut d'enfant.
J'aurai peut être planté tout le reste.
Je serai peut être une mère ultra chiante à ses yeux.
Mais j'aurai au moins préservé ça.
Son enfance.


Crédit photo : Bob

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