dimanche 13 mars 2016

In Bob we trust !



C'est calme.
C'est un petit peu trop beaucoup calme.
Toi aussi tu trouves n'est ce pas ?
Tu te demandes peut être si j'ai enfin pris le temps d'aller voir un marabout pour régler mon léger problème de Pierre Richardise ?
Tu te dis que ce silence sur mes aventures débiles est sans doute un très bon signe, que ma vie est devenue lisse, reposante, ennuyeuse même ?
Hahahahaaaaa.
Tu as tort.
Hélas.
J'ai juste plus le temps de venir te raconter.
Mais comme dirait Julio, non moi non plus je n'ai pas changé !
Et comme tu as été très sage, je t'offre une belle petite Pierre Richardise des familles, ça faisait longtemps je trouve que tu l'as mérité.
Après deux mois de boulot un peu intenses (j'ai cru qu'on avait remplacé janvier et février par deux années complètes pour tout te dire), il y a eu une forme d'apothéose le week end du 20 février.
Le vendredi, je préparais ma journée du lendemain car j'avais été bookée pour animer une baby shower.
Le projet était top, mais supposait un peu de logistique puisque 7 jeunes femmes m'attendaient à leur domicile et que je devais donc apporter toutes les machines à coudre, le stock de tissu, de boutons, de rubans, les règles, équerres, ciseaux, matériel en tous genres ...
Bref j'apportais la moitié de l'atelier et j'avais toutes les chances d'oublier au moins un truc, j'avais donc intérêt à être prête avant de démarrer ma journée.
J'ai donc lutté contre ma nature "intellectuellement bordélique, concrètement pathétique".
Tout était fort bien engagé : j'avais commencé à préparer la liste du matériel et les sacs de bordel à déplacer.
J'ai savais depuis quelques jours qu'il me manquait une machine, et j'avais donc cherché (et trouvé !) qq'un pour me la prêter.
J'ai donc mis côté à côte tout mon futur chargement.
Quand j'ai mieux regardé la machine de ma copine Cricri (non, pas l'esthéticienne).
Y avait un truc qui me chagrinait.
Mais j'arrivais pas à voir quoi.
Quand soudain, l'illumination !
Elle n'avait pas de pédale.
Merde.
Pas de pédale, pas de pédale comme dirait l'autre.
Pour ceux ou celles qui savent, en fait sans pédale, tu peux pas coudre puisque c'est elle qui raccorde ta machine à l'électricité.
Je visualisais déjà les filles en train de mouliner à la main et je riais connement, mais rapidement j'ai bien senti qu'il serait de bon ton que je trouve une putain de solution.
J'appelle donc la copine qui m'avait prêté la machine, je lui explique le problème.
Elle me dit où sont ses clés cachées sous le pot dans la cabane du jardin (en fait, les toilettes sèches !).
Précieusement informée, je pars donc à la recherche de la pédale perdue (non, pas au Bois de Boulogne chéri)(pardon pour le niveau de la vanne)(j'avoue je suis un peu fatiguée).
Je pars donc, et je me speede un peu car j'avais RDV en fin de journée au théâtre de mon bled pour aider ma troupe à tout installer : le soir, nous étions dans la "patinoire" pour un match d'improvisation théâtrale.
J'avais déjà un peu le trouillomètre au taquet mais je gérais (traduction : j'ai été chiante à mourir toute la sainte journée).
Bref, j'arrive chez ma copine, j'attrape les clés, je fouille toute la baraque, je trouve la pédale, je fonce la déposer à l'atelier, je vérifie que tout est prêt pour le cours collectif du lendemain matin, puis pour le cours à domicile (la fameuse baby shower) de l'après midi.
Je largue tout, et je refonce me préparer pour aller jouer.
Dans un match d'impro théâtrale, il y a en effet une tenue réglementaire : bas de survêtement noir, baskets discrètes et le magnifique tee shirt de hockey de ton équipe.
Trop sexy !
J'avais trouvé les baskets sans problème.
Bon, elles étaient orange fluo mais à ce stade on n'allait quand même pas chipoter.
En revanche, pas de bas de survet noir dans ma garde robe.
(Etrangement).
Je me dis qu'un legging noir fera l'affaire.
Et je commence à chercher.
Chercher est devenu un mot très familier de mon vocabulaire depuis que ma maison est à nouveau en travaux (oh il faudra que je te raconte un jour tu vas te poiler !) et que c'est Beyrouth à l'extérieur, cependant qu'à l'intérieur, ça ressemble vaguement à la jungle de Calais (en moins peuplé, je et le concède) ...
Bref, malgré mes "soulèvements de différents tas non identifiés", et après avoir délogé un troupeau entier de moutons, je ne trouve toujours pas ce putain de legging, seulement un vieux pas de pyjama tout déformé, qui avait dû être noir dans une vie antérieur mais qui s'était un peu Mickael-Jacksonisé si tu vois ce que je veux dire ...
J'essaie quand même la chose, je montre à mon mec en lui demandant si ça le fait, et ... il éclate de rire.
J'en déduis fort habilement qu'il vaut mieux abandonner la brillante idée du voeux bas de pyj.
Du coup je repars à la recherche de mon legging (séquence "cccccouccchhh exploration", remember Nicolas Hulot mes vieux amis !).
Au bout d'une petite demie heure à peine, je  le retrouve soigneusement rangé dans les fringues de ma fille, car apparemment mon mec pense que je fais du 8 ans. C'est plutôt flatteur en fait. Ou très inquiétant. Ou les deux. Enfin bref.
Quoi qu'il en soit, j'attrape le truc et je file au théâtre.
Arrivée là-bas, je tombe en pleine phase "on gère".
On gère le stress qui est en train de monter, on gère les problèmes techniques qui n'arrivent jamais (mais que ce soir-là sont arrivés évidemment), on gère la montée d'adrénaline aussi, et on se lance sans filet.
Jeux de mots, jeux de mains, jeux tout court, la soirée file et c'est l'éclate totale en fait.
Le match a été super (pour moi en tous cas, mais je plains les parents qui avaient amenés des mômes car j'ai malencontreusement été atteinte, à un moment donné, d'une sorte de diarrhée verbale du type syndrome Gilles de la T., que j'ai tenté de faire passer pour indépendante de ma volonté).
Bref, j'ai sorti toute ma collec de gros mots et je me suis bien poilée.
On a bien joué, bien ri, bien bu après, et puis il a fallu ranger la salle et les 100 chaises, sans compter les chaussons qui avaient volé (tu regarderas si tu veux les règles des matchs d'impro, franchement on se bidonne tu devrais essayer).
Vers 1h30 du matin, j'étais enfin chez moi pour me coucher.
J'avais intérêt à dormir vite, car j'enchainais mes 3 h de cours collectif  le matin avec la fameuse baby shower à 14 heures.
Je me lève à 8h, je pars pour bosser.
Pas le temps de prendre un petit déj, je suis à la bourre il faut filer.
Je roule en baillant, un peu azimutée encore après ma folle soirée.
Quand soudain sur le rond point, je sens la bagnole totalement se barrer ...
Et je me retrouve à tourner dans un superbe tête à queue !
Je vois lentement arriver la voiture qui me suivait...
J'ai bien visualisé la tête du mec qui arrivait sur moi l'air effaré ...
J'aurais presque pu compter ses points noirs.
Mais heureusement, il a eu le temps, le réflexe et la place de m'éviter !
Putain de merde.
Encore à contresens, je me dépêche de réagir, je redresse ma voiture et je repars ...
En me disant qu'elle commence quand même bizarrement, cette journée !
Les trois heures de cours du matin se passent, et je fais gaffe, car il faut absolument que j'arrive à finir bien à l'heure si je veux avoir le temps de déjeuner un peu avant de repartir bosser.
Mais évidemment, c'est ce jour là que les parents passent régler, que les élèves ont pleeeeein de questions hyper importantes (et urgentes) à poser, que tout le monde prend gentiment son temps, et que du coup ... ben t'as plus le temps de bouffer.
Tant pis, une fois tout le monde foutu dehors parti, j'attrape deux gâteaux qui trainaient par miracle et je commence à charger ma cargaison de déménageur breton pour filer chez les copines de la Baby shower.
Je monte dans la voiture.
Je prends les clés.
Et là, je me mets - enfin - à réfléchir.
...
L'adresse.
Putain  ... j'ai pas l'adresse de la nana chez qui je dois aller !
Je respire lentement, je me visualise en position du lotus, je reste ZEN.
Bon ben j'ai pas l'adresse c'est pas grave, je vais appeler la fille qui m'a bookée et je vais lui demander.
Voilà.
Je vais faire ça.
Hahahaaa mas pourquoi avais je la queue d'une inquiétude déjà ?
Allez j'ai plus qu'à appeler tout va bien.
Je cherche dans mon téléphone.
Cherche encore.
Cherche encore.
Putain, j'ai pas le numéro non plus !
Tout est dans mes mails.
Meeeerde.
Hé ben j'ai qu'à les consulter hein ?
Ouais !
Sauf que ...
Sauf que je les ai classés dans un dossier de la boîte mail, et que du coup je ne peux plus y accéder ... sauf depuis mon ordi !
A ce stade, je ne suis pas encore en retard mais ça commence à franchement se profiler.
Je me dis que (idée brillante !) je vais appeler mon mec et lui demander de regarder ...
Manque de bol, il est au resto peinard avec les mômes.
Ok.
Je cherche un plan B : je passe vite chez moi regarder avant de filer à mon RDV.
Brillant le plan B.
Je m'apprête à tourner la clé.
Quand j'entends mon téléphone vibrer.
Et là, le miracle.
La coïncidence dont tu n'aurais même pas pu rêver.
La fille !
Elle m'envoie pile à cet instant un mail pour me dire que je peux entrer dans leur cour si je veux pour me garer et décharger.
Youhou !
Bonheur !
Je me dis que si elle m'écrit un mail 20 mn avant l'atelier c'est qu'elle a un smartphone, donc qu'elle consulte ses mails, donc que je n'ai qu'à lui demander l'adresse et donc qu'elle va me la donner !
Je me sens soudain comme un génie, doté d'un ange gardien au taquet.
J'envoie illico un mail de SOS "adresse / téléphone / help je suis un boulet", et je me mets en route vers le patelin où je dois aller, comme ça je gagne du temps puisque je commence mon trajet.
Brillante je te dis.
Je roule 15 minutes, et j'arrive à 13h55 au bled.
Nickel.
Super heureuse, je me dis que je vais regarder mes mails, et même réussir à être à l'heure du coup !
Un génie, huhuhu.
Sauf que ...
Aucune réponse.
Merde.
Je renvoie un mail.
Puis deux.
Puis trois.
Putain, pas de réponse.
Je suis garée sur le parking de la Poste de ce lieu à moitié désert et je commence à déprimer ...
A côté de moi, un camion pizza.
Mon ventre me rappelle qu'on a pas eu le temps de déjeuner ni lui ni moi.
Je sors, en me disant qu'il faut toujours prendre dans la vie le bon côté des choses.
Bloquée en face d'un camion à pizza ? Mange une pizza !
Un vrai petit Bouddha au rabais.
Je souris, telle le "ravi de la crèche".
Mais quand je m'approche, je constate qu'il n'y a pas plus de pizza que de beurre en branche.
Juste 6 pauvres morceaux de poulet embrochés qui tournent avec un air désespéré, devant un mec qui a tout à fait la tête de Mad Max ...
Tout ce petit monde a dû être élevé en batterie, franchement, et je crois que je préfère me digérer l'estomac plutôt que de m'approcher encore.
Je retourne à la voiture, espérant que le mail est enfin arrivé.
Peau de balle.
Nib.
Queud.
Les minutes passent, il est presque 14h30 pour un rendez vous à 14h.
La grande classe Bob, vraiment bravo.
Je me dis que du coup, la nana va m'appeler pour me demander ce que je fabrique (et peut être m'engueuler, mais tant pis, au moins je saurai où je dois aller !).
J'attends, j'espère.
Mais rien.
Je rappelle alors mon mec pour lui demander où il en est, et coup de bol, il est en train de rentrer.
Il n'est que 14h40 quand j'obtiens - enfin ! - le numéro de la fille, et que je l'appelle pour platement m'excuser, en lui disant que je suis à 5 minutes de chez elle et que j'arrive, qu'elle n'a plus à s'inquiéter.
Elle me dit que ce n'est pas grave, elle est super cool franchement j'ai eu du bol.
Je raccroche et je pousse un énorme soupir.
De soulagement oui, mais aussi de fatigue (je te rappelle que j'ai peu dormi, pas mangé, et que je visualise l'après midi de boulot intense qui m'attend maintenant que je sais où je dois aller ...).
Je regonfle mes poumons et je me prépare à rouler courageusement.
Tout va ENFIN s'arranger.
Allez au boulot mon Bob.
Je tourne la clé.
Et ...
Rien.
Il ne se passe rien.
Je re-tourne.
Toujours rien.
Je commence un peu à paniquer.
J'essaie encore.
Encéphalograme plat.
Putain mais c'est pas vrai.
JE SUIS EN PANNE BORDEL !
Après quelques essais sans succès sur la voiture, il faut accepter d'affronter la réalité, non seulement je suis en retard mais je suis en panne ... alors que j'ai dit que j'allais arriver !
A ce stade, je me sens un peu comme une grosse merde.
Je tente de rappeler la fille pour lui dire que, en fait, je ne serai jamais dans chez elle 5 minutes car je dois attendre qu'on vienne me dépanner.
Je pense qu'elle va me prendre pour une grosse mytho en fait.
Même pas : elle ne répond plus.
Un essai, deux essais, trois essais.
Je suis à deux doigts de me mettre à pleurer ...
J'appelle mon mec (ce saint homme !) et je lui explique la situation.
Il prend un pote (un saint homme lui aussi !) et tous les deux viennent pour tenter de m'aider.
Rapidement, on voit que c'est la merde, et du coup on décide qu'ils vont me donner une de leurs bagnoles.
Et vas-y que je te décharge toutes les machines, les sacs, les tissus, tout mon bordel à recaser ...
Et vas-y que je te les abandonne lâchement avec la voiture en panne, pour me casser et aller bosser.
La fille sympa quoi !
Mais bon j'avais pas le choix : j'avais 8 nanas qui m'attendaient.
Quatre heures plus tard, les filles étaient ravies, le tapis d'éveil collectif était enfin fini, j'avais remballé, remis dans la voiture mon atelier nomade, et je partais, épuisée mais contente de moi.
Tu te dis que ça me fait des bonnes journées, tu as raison car c'est vrai.
Mais ce n'était pas fini, non tu sais, quand une journée se Pierre Richardise, c'est comme quand Hulk devient tout vert après une colère carabinée : ça dure toujours un petit moment.
Il a fallu ben entendu rentrer et aller décharger tout le matériel à l'atelier.
Ensuite, on devait aller dîner pour fêter mon anniversaire.
Problème : on n'avait plus qu'une voiture, pleine à craquer de matériel.
Impossible de monter avec mon mec et nos deux mômes.
Il me dépose donc à l'atelier pour que je range tout mon bordel, et il file chercher les enfants.
En passant, j'avais repéré un tout nouveau resto japonais que je rêvais d'essayer.
On se pointe donc après cette journée digne de Ferris Bueller (Adamson, Adamlee, Bueller ... révise tes classiques stp).
On arrive devant cet endroit hyper charmant, jolies lumières, ambiance tamisée, tout ce dont je rêvais.
Problème : la porte du resto ne s'ouvre pas.
Le serveur à l'intérieur nous regarde sans réagir.
On finit par taper au carreau et il ouvre pour nous répondre que c'est dommage, mais le resto est complet.
Mon mec s'apprête à faire demi tour, je l'arrête immédiatement.
il est 21h30, j'ai pas petit déjeuné, pas déjeuné, j'ai bossé environ 10 heures, et la nuit précédente j'avais dormi 6h.
Je DOIS entrer et manger.
Je l'explique au serveur, en insistant sur le fait que c'est quand même pour mon anniversaire et qu'il ne peut pas (j'insiste, il ne peut pas) me faire un coup pareil.
Saoûlé par mon charabia Convaincu par ma verve, il nous laisse entrer.
En nous expliquant qu'on va devoir attendre sur une table "intermédiaire" le temps qu'un groupe libère une vraie place.
On se retrouve coincés contre le mur, sur une espèce de demi table qui ressemble plutôt à un grand banc, avec deux chaises pour 4.
Pas grave, on est dans la place et on aura bientôt la banquette pour se poser.
Que je crois.
Ma gamine sur les genoux, on prend l'apéro et on commence à papoter.
Je chope un mojito qui me fait immédiatement décoller (cela dit vu mon état de fatigue avancé, rien que les glaçons auraient pu me faire cet effet).
J'ai chaud, je suis bien, j'ai ma petite famille, rien n'est grave je le sais.
Mais au bout d'une heure, toutours pas de banquette, toujours pas pu se poser.
Je commence à me digérer l'estomac, et à m'endormir d'ailleurs.
Ben oui mais le lieu est tellement cosy que personne ne veut se barrer, c'est ça la grosse difficulté !
Il est (je ne te mens pas) presque 23 h quand on accède enfin au Graal : une table putain, avec un siège pour chacun et une carte pour commander !!!
La journée touche à sa fin, le marabout peut aller se coucher : rien d'autre ne se produira dans les quelques minutes qui précèdent le lendemain de ce marathon-day.
Minuit arrive : je peux enfin souffler, sur un sorbet japonais, la bougie symbolisant mes 42 printemps.
Et quand tu souffles, bien sûr tu émets un souhait.
Le mien était tout simple.
Surtout, surtout, ne rien changer ;) !


2 commentaires:

  1. J'adore tes écrits et je trouve aussi que la Michael Jacksonisation des vêtements noirs est un vrai problème... Par ailleurs, je suis juste incapable de commenter tes autres posts qui me touchent énormément, trop je pense pour que je trouve un truc intelligent à dire après les avoir lus... Je peux donc juste te dire merci d'écrire... 😀

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  2. J'adore tes écrits et je trouve aussi que la Michael Jacksonisation des vêtements noirs est un vrai problème... Par ailleurs, je suis juste incapable de commenter tes autres posts qui me touchent énormément, trop je pense pour que je trouve un truc intelligent à dire après les avoir lus... Je peux donc juste te dire merci d'écrire... 😀

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