samedi 1 août 2015

To the moon and back ...



Cette histoire, c'est l'histoire du Grand Amour.
Cette histoire j'ai eu un million de fois l'envie de commencer à te la raconter.
Mais je ne trouvais pas de biais, je ne savais comment.
Comment te l'expliquer sans la trahir, sans les trahir.
Comment te les présenter sans me tromper, sans te mentir.
Et puis il y a eu cette après midi partagée dans mon jardin, et ce réflexe, le bon réflexe, de vouloir les prendre en photo toutes les deux.
Cette histoire, c'est l'histoire du Grand Amour.
Il y a plus de 14 ans qu'elle dure, qu'elle tient contre vents et marées, contre bourrasques et tsunamis même, et qu'elle me donne des frissons et me cloue le bec.
J'ai cent, j'ai mille, j'ai une infinité d'émotions dont je pourrais te parler à propos d'elles.
Mais Elle ne me donne à chaque fois pas le choix, et je ne peux en retenir qu'une quand je les vois : l'amour.
Elle, c'est ma soeur.
Elle ne le sait pas je crois, mais elle sans sans doute une des plus belles femmes du monde.
Elle foule le sol en ayant l'air d'être comme nous, terriens, alors qu'il est évident quand on la connaît qu'elle ne peut être qu'un ange.
Elle a tellement vécu, tellement souffert, tellement pris de claques, que je me dis souvent que c'est elle qui aurait dû ouvrir un jour un blog pour raconter ses peines.
Elle dit parfois, et je la crois, que cette histoire avec sa fille est son plus beau cadeau et son plus grand chagrin.
Comment la personne que l'on aime le plus au monde peut elle être celle par qui (pour qui ?) on souffre le plus ?
C'est sans doute parce que je le connais comme elle, ce sentiment d'une atroce ambiguïté, que nous sommes si proches aujourd'hui.
Je sais le désir de sauver l'autre.
Je sais le besoin d'empêcher qu'il souffre.
Je sais l'impuissance, souvent, trop souvent ressentie.
Je sais l'angoisse, terrible, de ne jamais la revoir lorsque les pieds franchissent à rythmes trop fréquents les hôpitaux.
Je sais la joie de serrer dans ses bras celle qui est tout, en se disant que pour cette fois c'est encore passé.
Je sais la crainte intense de la fois suivante qui gâche tout cependant.
Je sais les combats.
Contre soi, pour ne jamais lâcher, jamais céder, jamais s'écrouler.
Contre la famille, qui ne comprend souvent pas grand chose à cette relation fusionnelle.
Contre les médecins, qui ne savent au fond pas quoi faire mais qui jouent malgré tout les puissants, ignorant celle qui sait, celle qui connaît le réel.
Contre la société toute entière, qui voudrait ne pas voir les personnes différentes, ou alors parquées quelque part, comme dans un zoo, qu'on ne visiterait pas de préférence.
Contre les a priori, contre les a posteriori, contre les cons et les méchants, contre les bons mais maladroits.
Contre la maladie, qu'on ne peut pas maîtriser, qui prend ou lâche selon son bon vouloir.
Je crois que je sais un peu tout cela, mais c'est elle qui le traverse chaque jour depuis 14 ans et ça me brise le coeur.
Cette femme dont tu aperçois le sourire radieux, cette femme a la beauté du coeur, celle de l'âme, celle qui vous transperce.
Elle est tellement, tellement au dessus de la mêlée.
J'aimerais qu'elle sache combien je suis fière d'elle, combien je suis fière qu'elle m'ait choisie pour soeur, combien je suis fière de son courage, de sa lumière, de tout ce qu'elle dégage sans s'en rendre compte.
Sa fille sourit aussi, blottie dans les bras de celle qui paraît être la seule à pouvoir la comprendre.
Je les trouve tellement touchantes toutes les deux.
L'histoire est bien trop longue, bien trop dure, bien trop belle aussi pour que je te la raconte en deux mots.
Mais je voulais juste que tu les voies.
Je voulais que tu poses sur elles ce même regard que je pose moi.
C'est peut être plus difficile quand on ne les connaît pas.
On a peur de la différence, elle nous effraie, elle nous gêne, et c'est probablement normal.
Mais je voulais que tu vois pour quelques minutes ce que je vois moi : une complicité entre une mère et sa fille, en dépit de l'absence de mots, en dépit de l'accumulation de maux.
Une puissance de télépathie fascinante, qui dépasse le handicap, qui s'impose à l'incompréhension.
Je voulais qu'on ne retienne, s'il fallait ne retenir qu'une chose, celle-ci, fondamentale : cette histoire, c'est l'histoire du Grand Amour.

Crédit photo : Bob


8 commentaires:

  1. cette photo seule est effectivement d'une grande puissance, elle irradie de tendresse.. et accompagnée de tes mots... C'est..... <3
    j'espère qu'elle pourra les lire

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    1. Elle les a lus, elle a pleuré, mais elle a été heureuse aussi, qu'on parvienne à mettre des mots sur tout cela ... Et puis elle adore la photo, comme tu peux t'en douter ... <3

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  2. Cette photo est tendre et touchante.

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  3. Oh la la...♡♡♡

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  4. Et voilà, tu recommences... c'est malin j'ai le rimmel qui dégouline jusqu'au menton

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    1. Mais c'est une belle histoire Tatou, il ne faut pas pleurer ...

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