vendredi 9 janvier 2015

Blog en deuil ...




Face au déroulement des dernières 48h, je suis, comme nous tous, sous le choc.
En chute libre.
J'écoute les informations en continu.
Mon souffle suspendu.
Mon coeur battant la chamade.
La succession d'émotions est intense.
Hallucinante.
Mercredi, la violence inouïe de l'attentat.
L'incompréhension.
L'horreur.
La tristesse pour les familles.
Pour notre pays.
Je ne vais pas reprendre ici ce qui a été si bien dit ailleurs.
Sur ces hommes qui dessinaient et que je lisais occasionnellement depuis mes 20 ans.
Parfois en les trouvant drôles.
Parfois en les trouvant déplacés.
Là n'est tellement pas le propos finalement.
Rien ne justifie l'acte barbare qui a été commis en plein jour, en plein Paris, sur ces hommes et ces femmes.
J'entends les noms égrenés.
J'imagine la douleur de leurs proches.
J'imagine même le moment de leur mort.
J'imagine leur peur, leur courage aussi, face à la mort.
J'aimerais ne plus avoir d'imagination.
J'essaie d'expliquer aux enfants.
Mais comment expliquer ce que je ne conçois pas moi même ?
Je me sens malade.
J'ai la nausée et les larmes aux yeux.
Assurer le quotidien me paraît presque impossible.
Je me couche en espérant me réveiller le lendemain et avoir fait un cauchemar.
Mais le lendemain, c'est là.
C'est toujours là.
C'était donc vrai ...
Jeudi, c'est la traque.
Le déferlement de Charlie(s) sur les réseaux sociaux.
Le début de certaines langues déliées, hélas.
C'est aussi pour moi le jour du rassemblement citoyen Place de la République.
Un moment de recueillement.
Essentiel.
Avec des amies chères, nous nous sommes serré les coudes.
Nous avons tenu allumées ces bougies inutiles mais qui nous réchauffaient un peu le coeur.
La gorge nouée, nous avons tenté de chanter, de scander des phrases en hommage à Charlie Hebdo, en hommage à notre pays entier, à notre pays uni qui devra s'en relever.
Nous avons pleuré aussi.
Avec ce sentiment que notre présence ne servait à rien.
Et qu'en même temps il nous fallait être là.
Etrange ambivalence.
Assommée, je n'ai pu m'endormir le soir que dans les bras aimants de mon homme.
Après avoir serré très fort contre mon coeur mes enfants.
L'amour comme seul remède à cette terrible gueule de bois.
"J'ai mal à mon humanité" comme ils disent ...
Vendredi, aujourd'hui, alors que nous imaginions pouvoir un peu reprendre notre souffle, reprendre quelques forces ...
Nous avons passé encore la journée à chuter.
Toujours plus bas.
Sans pouvoir même nous raccrocher au fameux "jusqu'ici tout va bien" ...
Parce qu'en fait ...
Jusqu'ici tout va mal.
Et nous sommes encore descendus plus bas.
La réalité ?
Les morts se sont additionnés aux morts.
Des deux côtés.
Et je reste là, fracassée de chagrin et de peur.
Et en colère.
Tellement en colère.
Comment ?
Comment en est on arrivé là ???
Je n'ai pas de légitimité pour parler de politique, de religion, de sociologie ou de quoi que ce soit d'autre.
Je n'ai pas les arguments, pas l'envie, pas la force de débattre même de tout ça.
Mais je ne peux pas faire semblant de reprendre le cours de ma vie tranquille, sous prétexte de résistance.
De poster des photos de moi sur IG pour faire comme si j'étais courageuse.
Alors qu'en vérité ça reste tellement superficiel.
Je n'ai pas de légitimité et c'est ce qui fait que depuis 3 jours, même si les mots se bousculent dans ma tête, je n'ai pas pu en écrire un seul.
Je n'ai pas de légitimité et je m'interdisais de poser mes mots sur un drame d'une telle ampleur.
Je n'ai pas de légitimité, c'est ça, c'est vrai.
J'ai juste un coeur, un cerveau.
Surtout un coeur en fait quand j'y pense.
Et mon coeur ce soir, comme hier soir, comme le soir d'avant, saigne.
Et j'ai bien peur qu'il ne mette longtemps à cicatriser ...

2 commentaires:

  1. ben voilà, quoi, tout pareil, sauf que pour moi, c'est resté irréel jusqu'à ce que je mette la main sur un journal jeudi soir (5 marchands de journaux et aucun Libé en stock jeudi...dingue, et presque réconfortant!) et que je le lise pour réaliser ce qui s'était passé. Comme quoi, le pouvoir de la presse...
    Comme toi, la question de l'après me tourne en boucle dans la tête. Au vu de l'harmonie et du sentiment de communauté qui se dégageait dimanche (si tu as pris le métro avec 15 personnes/mètre carré et plein de bonne humeur , tu vois ce que je veux dire) je me dit que si on continuait à se sourire dans la rue, dire bonjour en souriant à la caissière, et donner un coup de main à la vieille dame qui porte ses courses, ce serait peu et déjà beaucoup à la fois...

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    1. Merci Blandine pour ton commentaire sur ce texte que j'ai eu bcp de mal à poster ... Le sujet est tellement bouleversant, tellement délicat, mais à un moment donné il fallait que je pose des mots sur mes émotions c'est devenu essentiel pour moi.
      Dimanche était un jour exceptionnel à de nombreux points de vue, y compris comme tu le soulignes concernant la bienveillance et l'entraide qui ont traversé Paris ...
      Mais mon lundi a eu un goût de bile avec des propos franchement à frémir, et je ne suis pas sûre que nous allons réussir à conserver l'unité dont j'ai été si fière lorsque j'ai défilé ...

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