dimanche 26 janvier 2014

Il revient.


Il revient.
Encore et encore.
Il revient trop souvent à mon goût.
Ce sentiment de solitude.
Ce mal être qui parfois me ronge.
Cette impression que la petite fille, au fond de moi, n'en peut plus d'être au bord du gouffre ...
Je le sais.
Je ne le sais même que trop bien.
C'est à cause de cette putain de sensibilité.
Cette sensibilité dont je ne saurai jamais si j'en ai hérité à la naissance, ou si elle est le fruit de mon enfance un peu spéciale ...
Cette sensibilité en tout cas est depuis toujours comme un gravier dans mes chaussures.
Elle se rappelle à moi, insidieusement, à la moindre occasion.
Là où tu crois m'effleurer d'une remarque anodine, parfois, saches le, tu me crucifies.
Là où tu t'écartes de moi, là où tu m'écartes de toi, qui que tu soit, il faut que tu saches que tu me broies.
Tu me renvoies dans cette grotte, cette petite pièce sombre à l'intérieur de moi où tout me fait peur.
Les cris que pousse la petite fille, trop angoissée pour se reprendre.
Les larmes, qu'elle laisse couler quand le trop plein la surprend.
La nuit, le froid, la laideur des sentiments aussi.
Jalousie.
Envie.
Colère.
Peur.
Chagrin.
Angoisse.
Cette putain de sensibilité tu vois.
Je voudrais la vomir hors de moi.
Je voudrais ne plus souffrir de tout ça.
Mais je lutte, encore et encore, et à chaque fois ce sentiment revient ...
Je crois devenir l'ombre de mon ombre, l'ombre de ma main, l'ombre de mon chien.
Il l'a si bien décrit, comment pourrais-je mieux dire ?
Ce sentiment épouvantable.
Que tu te regardes et que tu sens que tu n'es rien.
Rien qu'une erreur, qu'un vilain caillou sur le mauvais chemin.
Quand tu observes les autres et que tu ne comprends rien.
Ni leurs actions, ni leurs réactions.
Que tu te sens rejetée, abandonnée, mal aimée.
Ou pas aimée du tout d'ailleurs.
Que tu donnerais n'importe quoi pour te sentir acceptée, vraiment, enfin.
Les autres sont tous tellement mieux.
Et moi, moi, je ne vaux rien.
La petite fille a grandi, elle sait que ces pensées ne lui font jamais de bien.
Elle sait qu'il faut les affronter, les regarder droit dans les yeux, pour tenter de les repousser, toujours, au mieux.
Mais parfois, comme ce soir, comme ce matin, l'amertume est tellement puissante, tellement forte, que la petite fille sent qu'elle n'y peut rien.
Et l'adulte, d'essayer alors de la prendre par la main ...
Et d'avancer, des pansements sur ses genoux écorchés et son petit cœur en bandoulière.
D'avancer et de tenter de se redresser.
De tenter de trouver son chemin, le bon chemin.
Vers les autres, oui.
Mais vers elle, avant tout.
Pour peut être, un jour, ne plus se sentir seule, mais se sentir bien.

Crédit photo : Mike Brown
Sa merveilleuse photo vient d'ici : http://www.flickr.com/photos/mikebrown/with/506368274/

20 commentaires:

  1. t'as le droit d'appeler ds ces moments là..parce que parler à qlq1 qui connait comme toi cette douleur sourde, cette sensibilité paralysante, cette peur "sans raison" soudaine et tueuse , ça aide tu sais…des bisous, sur tes joues et sur tes pansements aussi

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    1. Je le sais ma belle, je le sais sans que tu aies besoin de le dire ...
      Tout comme tu sais aussi que dans ces moments là, on n'a envie de parler à personne, on reste bien au chaud dans sa détresse et sa paranoïa !
      Peur soudaine et tueuse, c'est exactement ça, c'est réactivé par la moindre maladresse d'un pote qui ne se rend compte de rien, la moindre injustice qui pour n'importe qui n'en serait pas une ...
      On n'a pas le cul sorti des ronces mon poulet au nutella, heureusement que tu es là ;) !
      Baci !

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  2. des bises, Bob, je t'envoie des bises et des belles pensées d'amour

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  3. Olàlàlà mais comme je comprends ce que tu ressens. Oh oui alors. PomPom

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    1. Ca me rassure un peu de voir que d'autres comprennent ce sentiment là, ça me rassure même beaucoup tant j'ai dans ces moments l'impression d'être un alien !
      Merci de ton témoignage :)

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    2. Oulà non que tu n'es pas un allien ! Et j'en ai essayé et j'en essaye encore des méthodes pour m'en sortir (même des trucs très bizarres...). Je suis allée discuter des heures et des heures avec le monsieur du mardi soir.
      Ben rien. Ca n'avance pas et j'ai tjrs dans la godasse ce putain de p'tit caillou qui m'empêche de marcher normalement, comme tout le monde. PomPom

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  4. plein de bisous... ça résonne ici aussi...

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    1. En y réfléchissant bien, je dois avouer que ça m'étonne pas trop que ça résonne chez toi ma belle ...
      On va y arriver, on peut y arriver, on doit y arriver !!
      Après tout, on est nombreuses maintenant ...
      Je t'embrasse Opio !

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  5. Ce que tu écris là Bob, j'aurais pu l'écrire il y a plusieurs mois. A cette époque, je disais souvent "ne me secouez pas trop fort, je suis pleine d'eau et ça déborde".
    Comme une éponge, j'ai trop absorbé le chagrin, le mien, parfois celui des autres et à un moment, l'éponge est gorgée d'eau et ne peut plus rien absorber...

    Voir une photo de chien seul ou un vieux assis par terre, entendre une chanson à la radio ou une plaisanterie cynique, tout ça déclenchait des torrents de larmes irritantes.

    J'ai eu du mal à accepter que j'avais besoin d'aide. Après plusieurs mois de tergiversations, j'ai pris rendez-vous et je suis tombée sur une nana formidable. A la question "pourquoi êtes-vous venue ?".... je me suis mise à pleurer. J'ai répondu "je vais avoir 40 ans et je pleure tout le temps". (jamais je ne dis mon âge, JAMAIS)

    Alors on a parlé, beaucoup, en plusieurs fois pour que je commence à comprendre que tout n'était pas de MA faute, que j'épongeais le chagrin de tous depuis toujours mais que ce n'est pas ça qui allait me rendre meilleur ou qui allait les aider eux (je ne vais pas tout raconter bien sûr... )

    Elle m'a aidée doucement, lentement, gentiment à prendre conscience de choses importantes et aujourd'hui, même si je pleure encore facilement, même si j'ai peur souvent, je ne suis plus gorgée d'eau. Cette sensibilité exacerbée fait petit à petite place à autre chose de plus facile à gérer.

    La culpabilité est un truc puissant et destructeur. Savoir qu'on n'est pas coupable de tout ce qui nous arrive est le début d'un changement.

    Aucune envie de donner des leçons, juste un témoignage et des grosses pensées amicales....

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    1. tout pareil belle blonde! et même si des fois je trouve qu'internet est chronophage, et vide de sens (ou de "vrai") c'est ce genre de témoignage, le tien, celui de Bob et d'autres qui m'ont aidé moi aussi qd ça n'allait pas bien...l'ecriture beaucoup aussi, le psy même si je ne suis pas sur que ce fut le bon, et les belles âmes "virtuelles"...

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    2. Merci à vous deux !
      A toi la belle blonde, pas du tout paresseuse, qui travaille, travaille, encore et encore à grandit et à etre toi même, avec courage ! Je prends le témoignage comme tel, je n'y vois aucune leçon mais juste un partage compréhensif, et ça me touche beaucoup que tu me livres tout ça. Merci Armelle, vraiment, de tes mots sous mes pages ...
      A toi la brunette rock and roll, merci aussi pour tout ce que tu m'apportes, les effets miroirs en rafale, la vision du monde en technicolor qui fait du bien mais qui fait du mal, les fous rires et les larmes, aussi, qu'on ne cache pas ...
      Y a des belles choses derrière ces écrans, c'est certain !
      Je suis heureuse de profiter de ça grâce à vous les filles ...

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  6. Parfois, lorsque j'accepte, enfin, de cesser de tourbillonner, il me vient comme un immense sentiment où se mêlent fatigue, culpabilité, tristesse, impuissance, solitude...j'en passe et sûrement des pires!!
    J'ai pour habitude de dire que les vrais problèmes sont ( ne rien barrer) à Beyrouth, à Sarajevo, à Soweto, en Syrie, dans les bidonvilles du monde entier, et souvent à nos portes, et qu'il faut arrêter de râler quand les pâtes sont trop cuites; pourtant je crois que je suis la prem's à faire le chouinchouin en cas de cuisson un tantinet longuette...La faute à qui, à quoi? Parfois je mets un terrible gros mot sur ces sautes d'humeur qui me font surtout sauter vers le bas. Ça commence par " dépres" et ça finit par "sion ". Parfois je me dis que c'est ma construction bancale, qu'on se trimballe de génération en génération, comme d'avoir les yeux noirs ou le menton en galoche,, sorte de jeux des 7 familles où manquent des cartes...Je me dis beaucoup, autant que je pleure, que je souffre et que je fais souffrir...
    Un jour viendra où j'accepterai de me faire aider, de me faire démonter (sans qu'il n'y ai rien de sexuel!!!) pour mieux me reconstruire. Un jour...mais pas maintenant!
    Des baisers d'âme un peu sœur.
    Christine.

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    1. La faute à qui, à quoi ? Parfois on sait, parfois pas ...
      Mais il faut apprendre à vivre avec ...
      Ou plutôt sans comme le dit si joliment Benjamin Biolay dans "Ton héritage" !
      Bises tendres !

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  7. Merci d'écrire si bien ces mots qui résonnent en moi...âmes sensibles !

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  8. J'arrive sur votre blog un peu par hasard, par le biais de"Lao sur la colline", et vos mots me boulversent tant ils éveillent d'écho en moi. Cette fragilité, elle vient de loin, mais j'ai réussi à la canaliser à peu près jusqu'à la maladie (schizophrénie) et au suicide de mon plus jeune fils, il y a cinq ans. Depuis, je survis, en me sentant comme isolée de ceux qui m'entourent, y compris de mes proches. Je vous embrasse.
    Catherine

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    1. Catherine,
      Je suis tellement touchée en lisant votre mot que je perds les miens ...
      Je n'ose même pas imaginer la douleur, l'enfer, l'horreur ...
      Tout ce qu'il me reste, tout ce que je me permets, c'est de vous embrasser, à mon tour, sincèrement et du fond du coeur.

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  9. Voilà des jours que j'hésite" que votre petite fille me trotte dans la tête... et puis je puise tellement de sentiments mêlés ici au cœur de vos lignes, très tôt souvent le matin au cours de ce moment rien qu'à moi parce que comme Catherine aussi depuis 3 ans et pour les mêmes raisons je survis et que ce post raisonne depuis quelques jours.
    Mais je me dis qu'il faut laisser quelques mots... pour dire un peu merci.... parce que je ris beaucoup aussi ici et que... la vie ça n'a pas de prix au fond

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    1. Corinne c'est moi qui vous remercie, sincèrement.
      Je suis très touchée que vous posiez ici vos mots, vos maux, très touchée que vous vous sentiez libre dans ce petit espace virtuel.
      Votre témoignage me bouleverse, comme vous pouvez vous en douter ...
      Venez rire, venez pleurer, venez, tout simplement.
      Quand vous voulez.
      Comme vous voulez.
      Je vous embrasse.

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