lundi 2 décembre 2013

Staying alive ...


Hier soir, j'ai revu une amie de mon père, une amie qui m'a connue à 18 ans, une amie du temps d'avant ...
Hier soir nous nous sommes remémoré notre rencontre, et surtout, surtout, j'ai pu la remercier.
Quand quelqu'un t'aide dans la vie, quand il t'aide vraiment, quand il permet que tu sois encore là pour raconter la suite, tu ne le sens pas forcément sur le moment ...
Tu ne le remercies jamais assez chaleureusement ...
Parce que tu es dans ta détresse, encore, et que tu ne peux pas, alors, le comprendre.
Parce que tu utilises toutes tes forces pour maintenir ta tête hors de l'eau, pour que ses efforts et les tiens combinés te permettent de ne pas recommencer couler ...
Parce que c'est trop dur à admettre, aussi, peut être, d'avoir envers quelqu'un une dette de cet acabit ...
Parce que c'est sans doute trop dur de reconnaître qu'un jour, tu as vraiment voulu quitter la vie ...
Cela m'a pris quelques années pour vraiment réaliser que cette femme m'avait sauvé la vie.
Elle ne m'a jamais rien demandé en retour.
Les anges gardiens ne demandent jamais rien.
Elle ne m'a pas dit à quel point elle avait eu peur pour moi.
Les vrais amis savent se taire aussi parfois.
Mais hier, plus de 20 ans après, elle m'a raconté notre histoire ...
Comment mon père avait totalement oublié de penser à moi le jour de mes 20 ans.
Comment il m'avait même insultée pour lui avoir quelques jours après bloqué une soirée qu'il aurait préféré passer avec une femme plutôt qu'avec sa fille.
Comment j'avais tenté de ne pas sombrer alors que je ne me relevais pas de la mort de ma mère.
Comment je désespérais de voir que mon amoureux aussi me tournait le dos.
Combien je m'étais sentie seule, humiliée, abandonnée ...
Et comment, à bout de forces, je l'avais appelée au secours, d'une petite cabine téléphonique, un soir d'hiver, ma petite valise à la main et des larmes plein les yeux ...
Elle était venue.
Elle n'avait posé aucune question, aucune condition.
Elle m'avait écoutée.
Rien ne parvenait à calmer ma douleur.
Elle l'avait compris.
Elle n'avait rien dit.
Elle avait posé un plaid sur mes épaules gelées et sa main sur la mienne.
Elle avait laissé déborder mes sanglots et accepté la violence de tous mes mots, la violence de tous mes maux ...
J'avais peur.
Peur de moi.
Peur du mal que je pouvais me faire.
Peur du mal que je voulais me faire.
Dans sa cuisine, il y avait des couteaux.
Je ne voulais pas y entrer, j'étais comme horriblement aimantée.
Je me voyais me faire du mal, je cauchemardais.
J'étais au bord du gouffre et je regardais le vide qui m'appelait.
Comme une spirale pour m'engloutir, pour ne plus jamais rien ressentir.
J'ai presque honte de l'écrire tant je sais précieuse la vie, mais à 20 ans, j'ai voulu mourir.
Elle a été là pour moi durant les quelques jours que cette crise a duré.
Elle n'a jamais jugé.
Elle n'a jamais forcé.
Elle m'a juste épaulée.
Mais hier, 20 ans après, elle m'a vue, entourée de mes enfants et de mon amoureux.
Elle a senti ma force, et elle a enfin pu me dire.
A quel point elle avait eu peur.
A quel point elle s'était demandée si elle allait réussir à me sauver.
A quel point elle était fière de nous, de ce que nous avions réussi ensemble à traverser.
A quel point elle n'en revenait pas que j'ai pu, juste grâce à elle, de ce carnage me relever.
Et moi j'ai pu aussi enfin lui dire.
Que j'avais pris tout ce qu'elle avait pu me donner et qu'ensuite je m'étais envolée.
Que j'avais eu honte.
Mais que je ne l'avais jamais oubliée.
Que je n'avais jamais oublié qu'elle était celle qui m'avait sans doute sauvée.
Que j'étais aujourd'hui heureuse de pouvoir rire, aimer, et danser.
Et que les anges gardiens définitivement existaient.



20 commentaires:

  1. Merde mon bob, touché! je m'éponge les yeux et je reviens
    (ah et puis aussi merci madame, sans qui je ne t'aurais pas rencontré)

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    1. Merci à nos cicatrices de nous avoir conduites l'une vers l'autre ma jumelle de connerie ;)) !!
      Vivement le TT !!

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  2. ah la vie, la vie!!!! et du coup à y regarder de plus près elle n'est pas belle cette photo, non, elle est superbe!

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    1. Merci Urs' !
      C'est la vie qui est superbe, qui met sur ta route des coeurs pleins d'amour, qui t'offre de belles rencontres quand tu t'y attends le moins ...
      On se revoit quand ma belle ?!
      Je t'embrasse !!
      Suis passée ce matin voir la lumière dans ta fenêtre, dieu que c'était bon !!
      :)

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    2. merci! ça sentait pas trop le renfermé? je n'ouvre plus tellement les volets ces derniers temps...
      je sais pas quand, mais sûrement! ;)

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  3. Mon Bob. Ah mon Bob. Y a un sacré plan derrière tout ça, je me disais encore ça hier, et pis ce matin, et y a 5 mn. Un sacré plan. J'aurais fait comment sans toi, MOI ? LOVEUBOB

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    1. Hahaha !! Et moi, tu peux me dire comment j'aurais fait sans toi ??
      Des kiss ma Beach ;) !

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  4. tu m'as fait pleurer vilaine ! merci à elle pour ça, merci à toi pour le partager aujourd'hui... je t'embrasse fort

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  5. <3 (je sais c'est niais mais j'ai pas de mots.

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    1. Merci Opio, ces petits mots là sont déjà énormes pour moi ...
      Hâte qu'on se recroise !
      Des bises à toi !

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  6. Bon Bobby, comme je te disais hier ailleurs, tes mots me boulversent à chaque fois et je me dis que pour arriver à te sortir de tout ça il t'a effectivement fallu être dotée d'un sacré caractère, d'une sacrée foi en la vie et faire de sacrément belles rencontres! des bises

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    1. Merci Claire j'ai eu la chance d'avoir ce trio sacré oui !
      Et des belles rencontres j'en fais toujours c'est ça qui est génial !
      Bises

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  7. zut, je ne vois pas mon commentaire d'hier ... mais google ne m'avait pas demandé de recopier des lettres illisibles, c'est donc peut etre un bug technique.

    Je disais donc en option 1 que tu n'as pas à avoir honte d'avoir tracé ta route ensuite; pense que, pour elle, savoir qu'elle t'a aidé à ce moment là est sans aucun doute une grande joie en soi. Option Soeur Emmanuelle donc (mais c'est vrai!!)

    Sinon tu as l'option langue de pute - désolée, mais je me suis tout de suite demandé mais d'où ton charmant papa a-t-il des amies aussi formidables? Où est le karma là dedans, je te le demande.

    Bises

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    1. Blandine,
      je te dois un fou rire : l'option langue de pute m'a fait cracher mon thé !!!
      Heureusement que tu es revenue te battre contre Google, ç'aurait été dommage de me priver de ce moment de bonheur :) !

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    2. Et il y a aussi l'option j'ai de la culture musicale : j'ai pensé très fort

      ah, ah, ah, ah (stayin' alive, stayin' alive)

      Non, vraiment, il y a de la matière dans ton blog. Peut-etre que les générations futures écriront des thèses sur " lecture du karma néo existentialiste de Bob" et "Bob : analyse des courants musicaux et vestimentaires dans le blog des années 2010".

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    3. Mais ouiiii ! Evidemment moi aussi j'ai pensé aux Bee Gees !
      Bon alors de là à me suivre comme sujet de thèse ;))
      Ou alors en psycho ??? Hahahaaaa ;)

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  8. On n'y connait rien quand on a 20 ans, hein ! J'ai quelqu'un aussi, qui m'a servi d'ange gardien une nuit il y a 19 ans... et les jours qui ont suivi... On n'oublie jamais... Merci pour tes mots très touchants...

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    1. Non on n'oublie jamais ...
      Et les mots posés ici le sont pour ça, aussi :)
      Bises !

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  9. Savoir prendre pour pouvoir s'échapper...puis partager.
    Christine

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