samedi 7 décembre 2013

California Dream* (ou pas) ...


Il y a maintenant quelques mois, j'ai pris, grâce à ma pote Roca (http://365picetplus.blogspot.fr/), une bonne et belle claque dans la gueule.
Elle m'avait d'ailleurs annoncé la couleur (mate un peu le niveau du jeu de mots) : "Viens prendre ta claque poule, les plus belles photos en noir et blanc depuis Doisneau !".
Bon elle a peut être pas dit exactement ça mais on s'en fout de toutes façons moi quand elle parle je l'écoute pas. Et je grille joyeusement des stop (si tu n'as pas suivi, va lire le post sur la fête d'anniversaire où j'ai failli la tuer)(mais je l'ai ratée ;)).
Enfin bref, Roca venait de découvrir le fabuleux destin d'Amélie Poulain travail d'Alain Laboile, et elle m'ouvrait la porte de son univers en un clic (http://www.laboile.com/) ...
Je me souviens que je bossais et que j'avais un gros dossier à enquiller, je me souviens que je buvais comme à mon habitude un petit thé vert, je me souviens qu'il y avait un grand rai de lumière qui tombait sur le bureau à côté de moi.
J'ai cliqué, j'ai pénétré l'univers d'Alain Laboile, et ... j'ai tout oublié !
J'ai eu la sensation d'être Alice au pays des merveilles : que le temps s'étirait, que je grandissais puis rapetissais, que je rencontrais mille personnages féeriques ou même parfois effrayants, les sculptures d'Alain envahissant son espace d'ombres inquiétantes, autant que ses enfants le remplissaient d'une lumière aveuglante ...
J'ai tout pris en pleine gueule.
Le mouvement, perpétuel, infini, absolu.
La fraîcheur totale des modèles comme de l'oeil de celui qui les immortalisait.
L'amour monumental qu'on aurait pu marquer au pointillé avec un feutre tant les contours en paraissaient nets.
Et puis, surtout, par dessus tout, la liberté.
Les enfants d'Alain et Anne évoluent - du moins m'a-t-il semblé en regardant ces photos - dans une incroyable liberté.
Ca m'a fait rêver.
Ca m'a donné envie d'avoir eu la même enfance qu'eux.
Ca m'a donné envie que mes enfants aient la même enfance qu'eux.
Je réalise ici que j'ai d'abord pensé à moi et je promets de me fouetter pour ça, mais t'inquiètes, tu commences à me connaître, je me suis moi même punie.
Tu vas voir.
Parce que j'ai commencé à me dire que oui.
Que pourquoi pas ?
Que moi aussi je pouvais le faire.
Sans déconner pourquoi je pourrais pas ?!?
Bon.
OK, déjà, j'avais 4 enfants de retard.
Un peu difficile à rattraper évidemment.
Mais surtout, ces prénoms ...
La liberté, aussi, dans ces prénoms.
Chez moi, Nina et Noé.
Sympa quand même.
Mais eux ...
Merlin, Dune, Nil, Olyana, Luna, Eliott !
Comment tu veux lutter face à ça ???
Alors je me suis dit "c'est pas grave mon Bob, t'as chié sur les prénoms, t'as chié sur les 11 premières années de l'aîné, t'as chié sur les 6 premières années de la petite, mais maintenant ça y est, tu as ouvert les yeux, tu sais ce que tu veux pour eux, tu peux leur offrir aussi cette liberté là !!".
Et j'ai commencé à rêver ...
Moi aussi je pourrais creuser une piscine naturelle, comme un immense bassin pour qu'ils jouent dans l'eau ou dans la gadoue.
Moi aussi je pourrais les laisser courir tout nus dans le jardin (bon moi j'ai juste un jardin Alain lui a une vraie jungle mais on peut pas toujours se comparer hein !).
Moi aussi je pourrais les laisser dessiner sur les murs, coiffer les chats, dormir dans les placards, bref être totalement libres de leurs actes ...
J'y ai cru putain tu peux pas savoir !!!
J'y ai cru, au moins ... 25 secondes !
Et puis ... j'ai été rattrapée pour mon Giminy Cricket intérieur.
"Tu n'y penses pas sérieusement, la piscine sans grillage, sans les bouées, ils vont se noyer c'est obligé !".
"Et la gadoue c'est qui hein, c'est qui qui va la nettoyer quand ils vont vouloir rentrer ???"
"Et les peintures c'est toi qui va les refaire quand ils auront tout miné ???".
C'est là que j'ai compris.
C'est là que j'ai admis.
Même en faisant péter 90% de mes barrières mentales éducatives, je n'arriverais jamais à donner à mes mômes ne serait-ce que 10% de la liberté dont jouissent ceux d'Alain et Anne !
Alors j'ai pleuré intérieurement.
Et puis j'ai béni ma copine Roca.
Parce que grâce à elle, j'ai découvert qu'on pouvait vivre toute cette liberté par procuration, qu'on pouvait s'en inspirer, s'en nourrir, sans se reprocher de ne pas pouvoir s'y conformer.
Les photos d'Alain, pour moi, décrivent si bien cette liberté dans laquelle ils vivent, tout simplement parce qu'elles sont le reflet de sa liberté de pensée.
Il est artiste, bohème, simple, vrai.
Il est touchant, humain, sensible et sincère.
C'est un grand Monsieur.
J'ai eu la chance de le rencontrer, "en vrai", ça n'a fait que renforcer mon impression qu'il méritait tellement tout ce qui lui arrivait !
Aujourd'hui le livre d'Alain trône sur mon piano, et dès que j'étouffe, je m'y replonge avec délice pour y reprendre mon souffle, pour y puiser une bouffée d'oxygène et me ressourcer.
Et pour son travail comme pour ce qu'il est, je crois que je ne le remercierai jamais assez.

Crédit photo, évidemment, Alain Laboile.
* Musique mentale du titre du post, les Mamas and Papas :)




8 commentaires:

  1. Oh, comme ce que tu écris fait écho...
    Bohème dans l'âme (note la restriction), j'ai toujours "envié" ces familles d'artistes où tout me semblait facile et où les ronces devenaient de jolis brins d'herbe: plus de chaussettes propres pour aller à l'école, plus de lait dans le frigo, plus de sous sur le compte???? Et alors??? Mais les VRAIS problèmes sont ailleurs, Madame...
    Sauf que moi, avec ma "construction" ( j'ai arrêté de vouloir tout déconstruire: trop de boulot et d'énergie, à la place je faisais des crêpes...ou le ménage, mais CHUT!), je ne pouvais vivre ainsi, ça me rendait légèrement irritable (acariâtre) . Alors, dans l’intérêt général, j'ai essayé d'être en phase avec moi-même, tout en allant régulièrement prendre l'air et des idées chez les VRAIS bohèmes...
    Tout est sans doute une question de curseur...
    Des bises.
    Christine.

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    1. Tu as mis le doigt sur l'essentiel Christine : être en phase avec soi même !
      Rien d'autre ne compte finalement ...
      Bises !

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  2. Alors la, ça m'étonne vraiment de toi - la liberté, ce serait d'appeler ses enfants Philiberte et Rose-Etoile, et de rouler en scooter sans casque et en grillant les feux rouges?? Purée mais c'est pas ça la liberté, c'est (respectivement) une autre forme de conformisme et de la connerie pure ; et on peut être libre dans sa tête même si on fait régulièrement le ménage chez soir.

    Et franchement, Dune, je ne trouve pas ça très joli, et laisser un enfant dessiner sur les murs, à part s'il est la réincarnation de Picasso ou Turner, même pas en rêve, j'ai bon goût et c'est déjà joli chez moi comme ça, merci bien.

    Mince, tu vaux mieux que de vivre la liberté par procuration -quelle horreur!


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    1. Mais Blandine la liberté est partout, dans ma tête, dans la leur, dans la tienne ...
      On a juste chacun une façon différente de l'exprimer, chacun des degrés et des priorités différentes ...
      Moi oui, ça me fait rêver de le voir, peut être pas de le vivre, mais qu'importe au fond ?
      Avant tout, c'est le travail de l'artiste que j'admire, parce que je trouve les photos très belles d'un point de vue esthétique, mais aussi parce qu'elles me font me questionner sur tous ces sujets ...
      Et tu l'auras sans doute compris, moi j'adore me poser plein de questions ;) !
      Biz

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    2. A te lire, on avait l'impression que tu les penses plus libres que toi ... mais personne n'est complètement libre, on a tous un passé, une famille, un boulot, un ADN, des contraintes, une culture ... en être conscient, c'est déjà pas mal.
      Rêver, oui, tant qu'on est conscient de l'envers du décor ; envier, j'espère que non ...

      Moi aussi j'aime bien me poser des questions mais avec l'âge (et deux ans de thérapie), je me dis qu'arrêter de couper les cheveux en 4 et être heureux, c'est pas mal en soi.

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  3. j'ai été élevée comme ça, ma mère était très baba cool; à la maison c'est simple il était interdit d'interdire! et en 2013 rien n'a changé, même schéma avec ses petits-enfants. Sa permissivité parfois excessive nous vaut quelques accrochages, mais en définitive je suis très heureuse que mes enfants aient cette liberté que je ne peux leur offrir pleinement faute de disponibilité. Parce que moi aussi tu sais je râle quand ils me foutent de la pâte à modeler partout après avoir joué 5 min, moi aussi à 20h30 heure pétante hop je t'expédie tout ça au lit...et moi aussi je m'éneeeeerve d'être comme ça!
    bref, ton billet me parle bcp et m'a bien fait rire ;)

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    1. On est comme on est Urs' ;) !
      Et comme tu le dis si bien, on est toujours le bohème de quelqu'un d'autre !
      Moi j'aime ton univers en tous cas :)
      Biz !

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  4. ceci étant, mes amis me trouvent très zen! comme quoi, on est toujours le Alain Laboile d'un autre! ;)

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