samedi 9 novembre 2013

Et puis un jour ...


Personne n'est à l'abri, ni toi, ni moi, non personne, vraiment ...
On perd tous un jour une personne qu'on aime, ou deux, ou trois, ou plus encore.
Et la douleur causée par la mort d'un proche est indicible, c'est un coup de poignard dans le coeur, un coup de poing violent dans le ventre, ça te coupe le souffle, ça te casse les jambes, ça te crucifie sur place ...
Tout le monde semble plus ou moins capable de comprendre cette douleur, tout le monde est plus ou moins apte à se l'imaginer, à se projeter dans ce cauchemar.
Mais il y a la suite, et ça, seuls ceux qui l'ont vécu peuvent je crois le comprendre réellement.
Parce que oui, quand quelqu'un que tu aimais profondément est mort, une petite partie de toi meurt immédiatement, avec lui ou avec elle.
Tu crois que ta vie va s'arrêter, tu en viendrais presque à le souhaiter tant la douleur est insupportable.
Mais tu continues.
Tu survis au début, puis tu recommences à vivre, vraiment.
Tu apprends à vivre avec le manque, avec le chagrin.
Tu apprends à marcher avec un membre en moins.
Tu apprends à boiter avec le sourire.
Et tu y parviens, parfois.
Tu serais presque fier(e) de toi.
Tu serais presque à nouveau heureux(se).
Et puis un jour ...
Et puis un jour tout à coup, tu essaie de visualiser le visage de la personne qui t'a quitté.
Et tu n'y parviens pas.
Tu paniques, tu te concentres, tu essaies de toutes tes forces ...
Mais les contours sont devenus flous, les couleurs fanées, les ombres prennent toute la place, tu as perdu la mémoire !
Comme si cette personne était loin, très loin, au bout d'une plage brumeuse, à contre-jour, dans le soleil couchant ...
Tu peux encore l'imaginer mais tu ne distingues plus vraiment ses traits.
Bien sûr, en te précipitant vers une photo tu peux, pour quelques temps encore, conjurer le sort, briser la malédiction, repousser les sorts et les sorcières ...
Et puis tu cherches alors un parfum, une odeur.
Son odeur.
C'était quoi déjà son parfum ? C'était quoi son odeur ?
Ce cou dans lequel tu as reposé parfois ton visage, dans lequel tu as posé de tendres baisers, c'était quoi son odeur déjà ???
Et la douceur de ses mains, pareille, échappée de ta mémoire, évaporée, disparue ...
Et le son de sa voix, déformé dans ta tête, perdu après les années de deuil, évanoui de ta mémoire.
Le temps atténue le chagrin, oui, mais il efface aussi ceux qui en sont la cause, et c'est un bien pour un mal atrocement ...
Alors tu n'as plus que tes yeux pour pleurer.
Alors celui ou celle que tu aimais, qui t'a quitté(e), meurt, une nouvelle fois, à chaque fois ...
Et toi, tu découvres que, s'il est vrai que tu n'auras jamais assez de mots pour décrire le bonheur d'avoir partagé la vie de cette personne, au final tu n'auras jamais assez de larmes pour la pleurer ...


Crédit photo : Bob

10 commentaires:

  1. oh non.....
    Je t'embrasse très fort, vraiment très fort.
    Je reviendrai tout à l'heure.
    Là tout de suite maintenant, je ne sais plus quoi te dire.

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    1. Merci ma belle, mais chez moi le temps a fait son oeuvre depuis 20 ans maintenant, et je vais bien ne t'en fais pas ...
      Je t'embrasse également très fort et j'ai une pensée toute particulière pour toi et ta merveilleuse maman ...
      xxx

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  2. Et puis un jour...arrive l'apaisement, avec, à jamais, ce que tu écris si joliment.
    De doux baisers, de ceux "qui savent".
    Christine.

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    1. Oui Christine, l'apaisement c'est tout à fait ça ...
      Avec son revers, que j'avais besoin d'écrire, de décrire, à ma façon, pour partager, avec "ceux qui savent" et avec les autres aussi ...
      Je t'embrasse !

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  3. mais comme tu le dis toi même, c'est un mal pour un bien et heureusement qu'on n'est pas condamnés à vie à souffrir ... ceux qui nous ont quittés ne le voudraient pas!
    Et le parfum, on le respire parfois au coin d'une rue ou dans un magasin, sur un(e) inconnu(e), et c'est à la fois doux et amer.

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    1. Oui Blandine, à la fois doux et amer c'est tout à fait ça ...
      Mais le temps apaise tellement, la vie finit toujours par reprendre ses droits et c'est très bien ainsi !

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    2. j'ai pensé à ton billet en croisant le parfum de ma gra,d mère il y a quelques jours ;-)

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    3. Oh !! C'est très émouvant et ça me plaît bcp !

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